Petite
par la taille mais grande par sa valeur, Somebody Save Me est la seconde
offrande de ..., pourvoyeur de spleen italien découvert il y a deux avec une
excellente démo. Elle poursuit le
travail entamé par Suffering Existence dont on retrouve cette façon identique
de ronger les boyaux d'un black metal maladif et lent comme un film passé au
ralenti. Le son est moins viscéralement pollué, plus clair donc, fuselage qui
couvre quatre plaintes mortifères mais étonnement mélodique. (très) Proche du
Trist tchèque, ... recourt à des ressorts bien connus des amateurs : chant
lointain et inaudible qui résonne comme un cri de souffrance fantomatique,
riffs engourdis pataugeant dans la mélasse et rythme minimaliste. Débutant par
des murmures en italien, "Beyond" est le parfait receptacle de ce
black lancinant et répétitif. Plus intéressant est en revanche "The Tears
Of An Anguished Soul", certes plus
court mais dont l'entame squelettique est frissonnante et magnifiquement
sinistre, sorte de ballade black doom dépressive. Du coup, la reprise -
méconnaissable - d'un titre de Joy Division ("Love Will Tear Us
Apart"), surprend moins. On lui préfèrera néanmoins le bien morbide - et
donc très réussi - " I Can Reach the Stars...". Avalé par une obscurité opaque, cette longue
marche funèbre déroule une atmosphère grise et poisseuse. Comme toujours, le
décor, l'apparat sont balisés mais ... a clairement cette gangrène sonore qui
coule dans ses veines, lui permettant de s'imposer. Tout est dans la sincérité,
dans ce mal-être que l'on ne peut feindre. Somebody Save Me est un appel
résigné, sans espoir vers la mort, tunnel noir d'une trentaine de minutes
seulement dont le monolithisme absolu n'a d'égal que la beauté malfaisante qui
coule en lui. Accaparés par de multiples projets, espérons que les trois
musiciens à l'origine de l'entité trouvent le temps d'enfanter une véritable
supplique longue durée car Suffering Existence et Somebody Save Me ont des goûts
de trop peu. La torture est à peine commencée qu'elle prend déjà fin. On sort
donc de cette écoute frustré comme après une pénétration inachevée. On en
redemande...
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