Hordes

mardi 1 novembre 2011

Chronique : ... - Somebody Save Me (2009)



Petite par la taille mais grande par sa valeur, Somebody Save Me est la seconde offrande de ..., pourvoyeur de spleen italien découvert il y a deux avec une excellente démo.  Elle poursuit le travail entamé par Suffering Existence dont on retrouve cette façon identique de ronger les boyaux d'un black metal maladif et lent comme un film passé au ralenti. Le son est moins viscéralement pollué, plus clair donc, fuselage qui couvre quatre plaintes mortifères mais étonnement mélodique. (très) Proche du Trist tchèque, ... recourt à des ressorts bien connus des amateurs : chant lointain et inaudible qui résonne comme un cri de souffrance fantomatique, riffs engourdis pataugeant dans la mélasse et rythme minimaliste. Débutant par des murmures en italien, "Beyond" est le parfait receptacle de ce black lancinant et répétitif. Plus intéressant est en revanche "The Tears Of An Anguished  Soul", certes plus court mais dont l'entame squelettique est frissonnante et magnifiquement sinistre, sorte de ballade black doom dépressive. Du coup, la reprise - méconnaissable - d'un titre de Joy Division ("Love Will Tear Us Apart"), surprend moins. On lui préfèrera néanmoins le bien morbide - et donc très réussi - " I Can Reach the Stars...".  Avalé par une obscurité opaque, cette longue marche funèbre déroule une atmosphère grise et poisseuse. Comme toujours, le décor, l'apparat sont balisés mais ... a clairement cette gangrène sonore qui coule dans ses veines, lui permettant de s'imposer. Tout est dans la sincérité, dans ce mal-être que l'on ne peut feindre. Somebody Save Me est un appel résigné, sans espoir vers la mort, tunnel noir d'une trentaine de minutes seulement dont le monolithisme absolu n'a d'égal que la beauté malfaisante qui coule en lui. Accaparés par de multiples projets, espérons que les trois musiciens à l'origine de l'entité trouvent le temps d'enfanter une véritable supplique longue durée car Suffering Existence et Somebody Save Me ont des goûts de trop peu. La torture est à peine commencée qu'elle prend déjà fin. On sort donc de cette écoute frustré comme après une pénétration inachevée. On en redemande...






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