Depuis trois ans et Chambers Of Abominations, son
premier méfait, Bombs Of Hades donne l'impression de vouloir rattraper le temps
perdu, enquillant EP et splits divers sous la forme d'une poignée de 7' comme
seul l'underground sait en dégueuler. Cette frénésie créatrice s'accompagne
d'un glissement stylistique, Crust/Punk au départ lorsque le groupe lâchait son
premier rôt en 2002, à l'arrivée, Death Metal jusqu'au bout des ongles
ensanglantés, quand bien même il reste de ce passé une urgence explosive
intacte. Il suffit d'écouter The Serpent's Redemption pour le constater, Brûlot
cendreux qui conjugue la violence directe et épidermique du Crust à l'abyssale
puissance souterraine du Death à la suédoise, façon Entombed, Grave et
consorts. Si la première doit beaucoup au chant râpeux de Jonas Stalhammer, la
seconde trouve dans ces guitares accordées plus bas que terre le terreau
fertile pour proliférer. Ce second crachat longue durée avale les minutes à la
vitesse d'un cheval au galop et ne serait-ce la maîtrise de ses géniteurs,
laquelle ne surprend pas eu égard au pedigree de certains d'entre eux, à
commencer par le chanteur, ex The Crown et God Macabre notamment, il ne saurait
se distinguer du tout-venant, avec ses titres qui balancent la purée au bout de
quelques coups de boutoir. "Skull Collector" ou bien "Incubus
Descending", pour n'en citer que deux, témoignent de cette science de
l'agression brutale et pourtant accrocheuse ("Burn", "Darkness
My Soul") qui ne s'encombre pas de vaseline. C'est très bien fait mais
Bombs Of Hades mérite mieux que cette image de solide zombie que ces saillies
rapides pourraient lui coller sur le coin de la gueule, ce qui ne serait déjà
pas si mal. Car au milieu, ou plutôt à la fin, de cette meurtrissure purulente
jaillit de rares mais morbides émanations qui à elles seules propulsent The
Serpent's Redemption vers une qualité dont on ne l'aurait pas cru capable. Un
tempo plus pesant, plus lent surtout et le recours à un son de Mellotron hanté
suffisent à faire du titre éponyme et de "Scorched Earth", reptation
longue de plus de dix minutes au jus, des hosties mortifères où les ambiances
sinistres l'emportent sur l'écartelage en règle, au point qu'on en viendrait
presque à souhaiter que les Suédois serrent plus souvent le frein à main et
appuient sur l'interrupteur, plongeant tout ce qui les entoure dans une nuit
peuplée de créatures engluées dans la mort. Il y creusent alors de lourds couloirs
serpentant dans les entrailles de la terre. C'est pourquoi, on ne peut que
saluer cette édition vinyle par Blood Harvest, noble et idéal format qui
faisait défaut à cet opus qui sans être une pierre angulaire du genre, nage
largement au-dessus du charnier...


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire