Extol a toujours été un groupe un peu à part au sein
de la scène extrême scandinave. Si par l'ébouriffante technicité de sa musique,
il a pu être tentant de l'arrimer à certains de ses compatriotes norvégiens
façon Atrox/Tactile Gemma, le message chrétien qu'il véhicule depuis ses débuts
en 1993, évidente ligne de faille au milieu de hordes exaltant davantage les
ténèbres que le Christ, a tôt fait de brouiller les cartes, singularité
renforcée par une écriture galopant entre Techno Death et Extrême progressif. Après
une décennie d'efforts, le groupe, alors signé chez Century Media explose en
2003 avec son troisième album, Synergy, succès confirmé deux ans plus tard par
The Blueprint Drives. Pourtant, malgré cette ascension, les Norvégiens décident
de se saborder peu après. Un peu oubliés aujourd'hui, ils se reforment en 2012
autour du trio historique composé du chanteur Peter Espevoll, du batteur David
Husvik et du guitariste Ole Borud. Ont-ils eu raison de ressusciter ? A
l'écoute de cette tardive cinquième offrande dont le nom éponyme lui confère
bien évidemment des allures de nouveau départ, on serait tenté de répondre par
l'affirmative, quand bien même leur Death Metal où la mélodie le dispute à une
virtuosité tarabiscotée, étonne moins désormais. Ce qui surprenait il y a douze
ans paraît beaucoup moins original à l'heure où ces quelques lignes sont
écrites, à l'image de cette alliance entre chant caverneux et (rares) voix
claires. Reste que Extol conserve encore cette pureté froide, ce goût pour les
lignes limpides, faisant souffler un blizzard de notes. Sur un canevas
resserré, le groupe tisse un maillage extrêmement dense. A la courbe droite, il
préfère le labyrinthe, les cassures rythmiques où se niche pourtant une beauté
glaciale et souterraine ("Unveilling The Obscure"). Si
"Betrayal" inaugure l'album de manière assez classique bien
qu'efficace, la suite fait montre d'une réjouissante inspiration. A commencer
par "Open The Gates" que sillonnent des éraillures de guitares gonflées
d'une sève frissonnante. Désormais plus progressif que brutal, si tant est
qu'il l'est jamais vraiment été, et bien que les aplats lourds dominent
("Behold The Sun"), le trio a peut-être gommé une partie de sa
personnalité, ce qu'il compense par une capacité à faire jaillir le sublime de
ces cavalcades alambiquées, témoins "Faltering Moves", qui décolle
parfois très haut ou bien encore la respiration instrumentale et aérienne "Dawn Of Redemption", idéalement
positionnée avant ce "Ministers" aux sombres et complexes crevasses.
La bonne tenue de ce retour suffira-t-il à Extol pour effacer ce hiatus inattendu ? L'avenir nous le dira...
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