Hordes

mercredi 4 décembre 2013

Chronique : Master - The Witchhunt (2013)



La retraite ? Paul Speckman n'y pense même pas, capitaine au long court de ce vétéran de la Death Metal US dont il fut historiquement un des fondateurs au milieu des années 80 et ce, quand bien son premier effort est arrivé après ceux de Death, Morbid Angel ou Obituary. Master, c'est qu'on appelle un référence, toujours là et au garde-à-vous, 23 ans après un galop d'essai éponyme, important à défaut d'être légendaire. Désormais basé en République Tchèque, Speckman se veut d'ailleurs plus actif que jamais, enquillant les galettes à un rythme soutenu, diarrhée pestilentielle que l'âge au lieu de freiner tend  au contraire à intensifier. Les vieux cons ne s'en plaindront pas, d'autant plus que Master sans se bonifier à proprement parler à la manière d'un bon vin, maintient une égale qualité, semence dont on pensait - à tort - qu'elle allait finir par se tarir à l'image de celles des autres dinosaures du genre. Au final, entre un Cannibal Corpse en sommeil, un Morbid Angel qui n'intéresse plus personne ou un Deicide qui ne doit effrayer plus guère que quelques bigots, il ne reste quasiment plus rien de cette première génération américaine du Metal qui fait peur, hormis donc Master sur lequel on peut toujours compter. The Witchhunt, son onzième album, le prouve à nouveau, concentré de brutalité velue au son compact. Comme il prouve que c'est dans les vieux pots qu'on fait encore le meilleur Death Metal, comme tendent à l'illustrer également tous les zombies biberonnés aux mamelles suédoises. Old-school jusqu'au bout des doigts rongés par la lèpre mais doté d'une vigueur qui nous ferait presque suspecter la prise massive de Viagra par boîte de 12, Master reste fidèle à lui-même, rouleau-compresseur bourrin et implacable, toujours capable de fulgurances. Elles sont ici au moins au nombre de deux : l'ultra pesant "Another Suicide" dont le riff sent le Slayer période South Of Heaven et "Raise Your Sword", emporté en son milieu par une cadence infernale quif ait affleurer les racines Thrash du combo. Dommage que le reste, par ailleurs d'une efficacité toujours redoutable, se montre plus linéaire, sans surprises au point que la majorité des morceaux paraissent tous fait du même tonneau, rapide et meurtrier, porté par un Speckman à la voix caverneuse comme vieillie dans un fût de chêne. On pourrait s'en plaindre. Ce que nous ne ferons pas vraiment car cela fait tellement qu'on ne s'est pas pris une bonne vieille claque dans la gueule qu'on accueille The Witchhunt avec cette chaleur bienvenue et retrouvée dans l'entre-jambe. Les plus de 35 ans comprendront, nous qui crevions notre acné en se passant en boucle ces vinyles de monstres en rut, dernière étape avant que l'homme ne se change en bête... Master c'est un peu tout cela et son album est à sa manière de morceau de passé, ce qui ne le rend ni anachronique ni nostalgique juste intemporel et d'une puissance éprouvée. Que réclamer de plus ? Un bon disque. (La Horde Noire 2013)




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