Hordes

lundi 13 janvier 2014

Chronique : Helium Horse Fly - Helium Horse Fly (2013)




Si en politique, la parité peine à s'imposer, il n'en va (heureusement) pas de même dans le Rock où les femmes,  chanteuses en particulier, sont devenues en l'espace d'une bonne décennie, un facteur déterminant, ouvrant par là même de nouvelles perspectives. La présence de Mary Billy derrière le micro inscrit naturellement Helium Horse Fly dans cette mouvance. Mais attention, ceux qui espèrent trouver dans ce groupe franco-belge le cocon aussi charmant que confortable généralement consubstantiel au chant féminin, en seront pour leur frais. Au contraire, déglinguées et sécrétatoires d'une mélancolie larvée, les vocalises de la jeune femme participent en réalité de la folie contaminatrice d'une partition schizophrénique que l'on n'oserait avec beaucoup de prudence définir comme le fruit de la copulation étrange entre King Crimson pour ce Rock estampillé progressif mais surtout halluciné et Madder Mortem pour les lignes vocales d'un lyrisme incantatoire. Ebauché par deux courts essais dont le remarqué "Fishing For Ghosts", ce premier véritable effort éponyme offre à ses géniteurs de part son format plus étiré le cadre idéal à l'exploration de leur univers franchement singulier, autant capable de rebuter que d'envoûter. Difficile d'accès, l'art sculpté par Helium Horse Fly tire une part de son hermétisme de ses sonorités dissonantes que broient des musiciens aguerris, magma tissulaire lourd et déconstruit à la fois. Toujours au bord de la rupture, la trame ne file jamais droit, empruntant des chemins de traverse sinueux en un lacis labyrinthique austère, à l'image de 'Adrift', pulsation aussi tortueuse que torturée qui débouche sur une piste anonyme de moins d'une minute qui  paraît en être l'épilogue azimutée. Sombre et tendu, l'album est totalement rongé par une espèce de lèpre sonore et ce, dès l'inaugural 'Surgery Plains', amalgame de rapidité furieuse et d'aplats maladifs qui pose ce décor de pandémonium que l'on ne quittera plus jusqu'au terminal 'Breaches' dont les premières mesures faussement posées camouflent en réalité une seconde partie où le piano se fait peu à peu phagocyter par des guitares hurlantes épaisses et ferrugineuses achevant l'écoute en un accouplement concassé duquel émerge le chant en apnée de Mary. Entre les mains d'artistes prétentieux ivres de leur art, ce genre de Rock évolutif et bizarre ne serait que vaines diarrhées instrumentales sans queue ni tête mais, exigeant, le quatuor  sait au contraire ne jamais se perdre dans ses louables ambitions, guidé par un sens affuté de la composition. Ses titres extrêmement denses, témoin ce 'Lamento Of A Dinosaur'  qui bouillonne d'une énergie noire, sont à la manière de tableaux sonores, truffés de détails, autant de fenêtres ouvertes sur de désolés paysages. De cette bande-son aux tubulures désarticulées suinte un désespoir cotonneux qui confine à une forme de beauté sinistre qui prend aux tripes, comme l'illustre le douloureux 'Firelink Shrine', longue piste secouée de multiples convulsions. D'un baroque  déjanté, ce premier album est celui que l'on attendait de la part d'Helium Horse Fly car il se nourrit des bases jetées par ses deux prédécesseurs qu'il triture et propulse vers un inconnu aussi fantomatique qu'étrange. Un groupe à découvrir au plus vite. (Music Waves 2014)

Genre Avant-Garde Progressive Rock
Label Dipole Experiment Records
Durée 53:08



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