Etes-vous déjà aller voir le rayon Striborg (quand il
existe !) des disquaires ? Le spectacle est effrayant. Plein à
craquer, ça déborde, ça vomit de partout. Pourtant le groupe n’est actif que
depuis une dizaine d’années et pond ses méfaits longue durée seulement depuis
2004. Mais voilà, Sin Nanna, le misanthrope qui l’incarne tout seul comme un
grand garçon (monsieur fait tout, s’il vous plaît) souffre de diarrhée
créative. Pas un mois ou presque sans un nouvel opus, un split quelconque.
L’éloignement géographique – le gugusse vit reclus en Tasmanie – peut, il est
vrai, expliquer ce stakhanovisme car généralement il ne s’agit que de
rééditions d’albums enfantés depuis bien longtemps. Mais à l’arrivée, on s’y
perd un peu. Tant est si bien que lorsque l’on tient entre ses mains Automnal
Melancholy, on ne peut s’empêcher de se demander s’il s’agit bien du dernier
étron de l’entité (forcément) mystérieuse. Vérification faite, on tient bien là
de l’inédit. Enfin, inédit est un grand mot, tant Striborg donne l’impression
de ne connaître qu’un seul registre, celui du photocopieur. En plus d’enfiler
les clichés comme d’autres les perles (pochette des bois en noir et blanc, mec
planqué au fin fond de sa forêt dont il ne sort pour ainsi dire jamais,
corpse-paint de rigueur…), Sin Nanna, d’album en album, reste fidèle à une
formule dont il ne se départira sans doute jamais, celle d’un black metal
minimaliste et malsain, affreusement lancinant, volontairement répétitif,
produit avec des moufles, bloc vaporeux et opaque édifié par des guitares
bourdonnantes, parfois parasitées par des nappes de synthé funèbres, qui
résonnent comme un écho funèbre, comme un appel vers le Styx et que fissurent
des cris de gargouilles incompréhensibles qui semblent provenir d’une contrée
lointaine. Coincé entre une poignée de pistes instrumentales aux confins de
l’ambient, ces (très) longues complaintes agonisantes, dont certaines
atteignent presque le quart d’heure, avancent à la vitesse d’un escargot ayant
absorbé du valium par boîte de 12. Sinistres et mortifères, elles ouvrent les
vannes de la décrépitude absolue qu’accompagne un profond mal être. Plus que
jamais, Striborg nécessite de la part de l’auditeur courageux, une vraie
exigence s’il veut parvenir au bout de ce (très) long chemin de croix. Plus que
jamais Striborg est une question de foi plus que de raison. Que l’on balance au
fond des chiottes (pour la majorité) ou dans les méandres lugubres duquel on
accepte de plonger (le reste) jusqu’à y perdre son âme. Bien entendu, les
esprits chagrins argueront que sans Varg Vikerness, Sin Nanna serait
certainement resté muet dans sa cabane isolée, pourtant dans le genre, l’homme
déploie un style qui n’appartient qu’à lui, qui n’a rien à voir par exemple, même
si les invariants demeurent identiques, avec d’autres hordes qui se nourrissent
aussi de l’humus burzumien telles que Xasthur, Leviathan, Drudkh ou Sombres
Forêts pour citer quelques hommages récents à l’œuvre du Norvégien honni. Ni
pire ni meilleur que ses aînés, Automnal Melancholy ne pourra donc que faire
son trou chez les amoureux masochistes du black lent et maladif. (cT08)
Depressive Black Metal | 62:20 | Displeased Records
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