Hordes

vendredi 11 avril 2014

From the grave | Striborg - Perceiving The World With Hate (2009)



A un journaliste qui lui demandait pourquoi il était aussi productif, le pape du Z espagnol Jesus Franco a répondu en substance que cela lui sortait tout simplement par le nez ! Sin Nanna pourrait dire la même chose et ses détracteurs pourraient alors ajouter que ce n’est pas de ses sinus que sa musique est évacuée mais plutôt d’un autre orifice. Le reclu de Tasmanie est un peu le Franco du black metal : une discographie déjà pléthorique polluée par des albums tous à peu près semblable les uns des autres. Comme le père du dr. Orlof, Sin Nanna peut compter sur une poignée d’inconditionnels (dont les mecs de Sunn O))) quand même) qui voient en lui sinon un génie du moins un artiste fort d’une personnalité et d’une vision affirmées. Et à l’instar du réalisateur, le misanthrope est surtout méprisé par beaucoup d’autres qui le tiennent pour un fumiste qui confond talent et foutage de gueule. La vérité se situe certainement entre les deux.  Perceiving The World With Hate est la nouvelle cuvée de Striborg. Combien en a-t-il déjà à son actif ? Perdu dans cette litanie d’albums bordélique entre réédition et œuvres originales, on ne saurait dire. Ce qui est sûr en revanche c’est que cette offrande ne risque pas de dépareiller au milieu de celles – très nombreuses donc - qui l’ont précédées. Sans surprise, on a donc à faire à du Striborg pour jus avec son lot de complaintes sinistres et répétitives, parfois longues et dépassant les dix minutes (« Origin Of Paranormal Possibilities », « Ethereal Moon » notamment), d’autres un peu moins et conduites par un tempo un peu plus rapides, ce qui est somme toute des plus relatifs, Sin Namma n’aimant rien moins que patauger dans des records de vitesse dignes d’une limace shootée au valium. Des gargouillis en guise de chant, des rushs de guitares rongées par une rouille lépreuse, des atmosphères qui semblent provenir d’un caisson de résonance…. Rien de bien neuf de fait – ce qui de toute façon n’est certainement pas le but recherché – avec ce Perceiving The World With ni meilleur ni pire que ses aînés, dont on pourra tout de même signaler la présence sur un titre, « Call Of The Red Wood Forest », de Malefic, un autre stakhanoviste en proie au pilotage automatique avec son Xasthur, chargé d’y répandre ses nappes de claviers morbides et sa voie écorchée. C’est maigre mais les amateurs, dont je fais partie, resteront encore une fois sensibles à ce black metal décharné et suicidaire qui a le mérite de ne ressembler à aucun autre. Bien qu’influencé, comme tant d’autres, par l’école Varg Vikerness, Sin Nanna est en quelque sorte dépositaire d’un brevet qu’il est d’ailleurs le seul à user jusqu’à la moelle. Le charme du petit artisanat, si on peut l’appeler ainsi, fonctionne encore, mais pour combien de temps ? Un (bon) album de plus… en attendant le prochain ! (cT09)


Depressive Back Metal | 65:33 | Displeased Records




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