Du calme les gars, je sais bien que le Teuton, après
pourtant près de quarante ans de carrière, reste toujours aussi prolifique,
néanmoins, Virtual Outback n’est pas (déjà) son nouvel opuscule – il a quand
publié cette année un double album (Farscape) et un double live (Rheingold) –
mais seulement la réédition du premier
volet de la série Contemporary Works II qu’il a initiée en 2002 et qui en
compte cinq au total. Pour l’instant, celui-ci est le seul à bénéficier de
l’honneur d’une nouvelle édition et j’espère que SPV en fera de même pour les
quatre pans suivants. Composé durant l’une des phases les plus créatives de sa
carrière (on ne compte plus toutes les rondelles qu’il a alors enfantées),
Virtual Outback s’inscrit dans la continuité des dix parties qui constituent la
première série des Contemporary Works (2000). On y croise ainsi certains des
même musiciens tels que la chanteuse Julia Messenger et de » ». Mais
la particularité de cette offrande réside surtout dans le fait qu’il ne s’agit
que d’une seule et (très) longues piste de plus de 65 minutes, baptisée
« The Rhodes Elegy ». De part sa durée inhabituelle (sauf pour Klaus
bien sûr, dont ce n’est pas, comme en témoigne par exemple Ballett 3, la première
tentative dans cet exercice périlleux), cette œuvre requiert patience et se
mérite ; elle dévoile ses trésors, son intimité précieuse que très
lentement. Exigeante, elle prend son temps pour étirer, répandre sa trame et
ses mélodies envoûtantes. Vouloir la décrire semble fastidieux et vain car cela
lui ôterait certainement une bonne part de son charme. Je vais toutefois tenter
d’en faire une description sommaire. Malgré sa durée, cette pièce ne ressemble
pas à l’addition facile de différentes parties. Au contraire, bien que
plusieurs mouvements se distinguent, « The Rhodes Elegy » forme bien
un tout qui coule avec harmonie. Sur un tapi constitué par les effluves
électroniques échappées des synthétiseurs et des machines tenus par Schulze,
viennent se greffer divers instruments. La première partie est dominée par un
haut-bois fantomatique, avant qu’un chant mystérieux fasse son apparition.
Puis, à cette moitié inaugurale contemplative et quasi élégiaque, succède une
seconde avec l’arrivée d’une guitare stratosphérique, dont la beauté aérienne
ne manquera pas d’évoquer le jeu de Manuel Götsching et qui propulse Virtual
Outback vers l’Absolu, tandis que le maître des lieux tricote des mailles de
plus en plus hypnotiques, de plus en plus belles à en pleurer. La façon dont
cette guitare déchire l’espace et s’envole très haut vers un ailleurs inconnu
donne des frissons gigantesques tant sa plainte irradie des émotions
vertigineuses. Voilà, je n’en dirai pas davantage. Sachez seulement, que l’on
tient là certainement une des plus majestueuses compositions jamais écrites par
le casque à pointe. Enfin, comme pour les autres rééditions du pléthorique
catalogue de Klaus Schulze , Virtual Outback est enrichi d’un bonus,
« Chinese Ears », long tout de même d’un bon quart d’heure, superbe,
trippant et atmosphérique. (cT08)
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