Il y a une mauvaise et une bonne manière d’aborder ce
nouvel album de Satyricon, déjà le septième tout de même depuis sa naissance en
1990. La mauvaise consiste à ne voir en The Age Of Nero uniquement un
enchaînement de morceaux – huit au total – qui donnent tous l’impression
d’avoit été cuisinés dans le même moule : basiques, mid-tempo, rampants
avec le chant si particulier vomi par Satyr comme vigie. Pour être franc, c’est
le sentiment qui domine durant les deux ou trois premières écoutes. La bonne,
quant à elle, réclame des efforts, de nombreuses haltes car cet essai est en
fait loin, très loin d’être le disque primitif et dépouillé (ce qui peut être
une qualité) qu’il semble être tout d’abord. Qu’il est difficile d’entrer dans
ces compositions qui n’ouvrent pas leurs cuisses facilement ! Mais les
multiples écoutes aidant, on prend peu à peu conscience du remarquable travail
d’écriture fourni par l’éternel tandem. Proche de Now, Diabolical, The Age Of
Nero délivre donc huit titres parfaitement équilibrés et denses, tour à tour
accrocheurs, presque rock, à l’image des puissants « Commando »,
« The Wolfpack » ou « My Skin Is Cold », que l’on
connaissait déjà grâce au EP du même nom publié il y a quelques mois, ou bien
plus lancinants et mortifères, comme l’illustrent les sombres « Black Crow
On A Tombstone », « Die By My Hand », « The Sign Of The
Trident » ou bien le terminal « Den Siste », autant de perles
guidées par des riffs vemineux et obsédants qui vrillent les chairs à la
manière d’un scalpel. Le schéma est donc identique à celui de l’œuvre
précédente, mais une noirceur encore plus absolue drapent cette fois-ci
l’ensemble ce qui fait de The Age Of Nero sans doute la création la plus noire
jamais enfantée par un Satyr qui, ce faisant, prouve ainsi à tous ses
détracteurs qui l’accusent d’avoir vendu son âme au nom du profit, que ce n’est
vraiment pas le cas. Aucune lumière, aucun espoir, aucune issue au bout du
chemin balisé par des compos empruntes d’un désespoir palpable tout du long.
Difficile d’accès si l’on souhaite prendre le temps d’en découvrir tous les
trésors, mais excellent de bout en bout, ce disque ne réconciliera en revanche
toujours pas tous les Ayatollahs de la cause black metal et les nostalgiques de
Dark Medieval Times, époque désormais totalement révolue. Depuis Volcano
(2002), Satyricon a atteint la maturité, a trouvé son style, son identité.
Comme on peut s’en rendre compte sur scène, le duo est désormais plus serain,
plus heureux, et que l’on adhère ou pas à l’orientation choisie par le groupe
depuis trois albums, on ne peut que s’en réjouir. Comme quoi, on peut toucher
un plus large public et demeurer intègre. Les Norvégiens n’ont décidément rien
à voir les clowns de Cradle Of Filth, leurs compagnons de label !
(cT08)
Black Metal | 42:52 | Roadrunner | FB
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