Lone Wolf vs. Brown Bear, c'est avec ce bien curieux titre que OLD MAN LIZARD atteint l'étage du dessus, celui du premier album, après deux ans passés à dégrossir son style par l'entremise d'un EP séminal et éponyme, d'un split partagé avec EARTHMASS et des palettes entière de concerts à travers sa Perfide Albion natale. Power trio dans la (grande) tradition du rock burné qui sent sous les bras, le groupe n'a de classique que sa forme, ses influences étant - une fois n'est pas coutume - ailleurs que dans les années 70. Ces dernières sont double. D'une part, le chant buriné du gratteux Jack Newnham arrime de suite la musique des Anglais au Sludge du nouveau continent, épidermique et velu, abrasif et terreux. D'autre part, on sent remonter à la surface de surprenantes racines sudistes, lesquelles font même plus qu'affleurer sur deux des meilleurs cartouches de l'album, "Hypocastinum Warrior" dont les riffs charrient une poisseuse mélancolie puis "Lone Wolf vs. Brown Bear" qui résonne aux sons d'un harmonica déglingué. Ces touches hantent tout du long le menu, colonne vertébrale moite et poussiéreuse qui lui confère sa principale identité. Nous pourrions relever une dernière influence, celle du Post doom, étiquette maladroite qui se définit par son approche douloureusement dynamique et puissamment contrastée dans ses instants instrumentaux. Cette recette aboutit à une galette bourrée d'énergie et de feeling où alternent crachat fiévreux ("Return Of The Wilderbeest" et ses moins de deux minutes au jus) et composition fleuve (le terminal "Sea Of Witches"), aplats rugueux ("Kieko's Last Smile") et courbes vicieusement lancinantes, comme l'illustre "Beelzebeer Blues", lui aussi trempé dans l'eau crasseuse des Bayoux. Davantage que le chant, assez quelconque, ce sont avant tout les guitares qui irriguent cet album serré et compact, solidement encadrées par une rythmique pleine de finesse. Nerveuses et délicates à la fois, ces lignes de six-cordes égrènent une tristesse plombée, témoin le poignant "Don't Piss In The River" ou bien encore le trapu "Rum Guts", cependant qu'elles raclent aussi la terre, virtuose excavatrice allant chercher dans les profondeurs des notes épaisses au goût humide. A l'arrivée, Lone Wolf vs. Brown Bear s'impose comme un premier jet tout à fait prometteur dont les teintes southern l'empêchent de sombrer dans la banalité et le déjà entendu. Une réussite modeste peut-être mais un opus dynamique et puissant. (cT14)
Southern Sludge | Wicker Man Recordings | FB
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