Le Black Metal forgé par Dispersion est un
peu à l'image du remarquable visuel habillant sa carte de visite : monumental
et labyrinthique, vaste couloir au sol froid qu'aucune lumière ne réussit à
éclairer. Jamais. Le nom du groupe, celui de cet album et son artwork sont
autant d'attributs, d'indices révélateurs d'un contenu aussi noir que moderne.
Comprendre que c'est de Post Black dont il est ici question, étiquette
fourre-tout servant le plus souvent à qualifier un art peu orthodoxe, parfois
prétentieux, basé sur des pulsations puissamment vertigineuses dont les
dimensions cyclopéennes ne les exonèrent pas d'une brutalité tranchante. Tel
est effectivement le cas de cette toute jeune formation italienne née en
décembre 2013, la prétention en moins, si ce n'est celle d'offrir la musique la
plus convaincante qui soit. La plus belle aussi. De fait, modeste EP digital de moins de
20 minutes au garrot, "Pillars" est en tout point digne d'intérêt, prouvant en
cela, si besoin en était encore, quelle maîtrise certains groupes atteignent
très tôt. Ainsi, de part leur évidentes qualités d'écriture et
d'interprétation, ces deux titres semblent être l'oeuvre de musiciens
expérimentés, collaborant depuis longtemps. On ose alors imaginer quel niveau
sera le sien lorsque Dispersion aura acquis sa pleine maturité. Pour l'heure,
le fruit de ces Italiens est un Black Metal ambitieux à l'architecture
tortueuse, faite d'angle mort, de respirations faussement calmes, l'image de
"Memory In Land, Denied", piste passionnante d'une densité admirable
qui vibre au son d'une basse mangeuse d'espace. Du haut de ses 11 minutes au
compteur, "Being The Ruin, Deep Cave" martèle un tempo implacable
tandis que les guitares entêtantes, sombres incisives, ont quelque chose de colonnes
massives dressées dans une obscurité opaque. Précis et travaillés comme des
objets d'orfèvrerie, ces deux titres conservent néanmoins une grande pureté de
trait, ce qui leur confère un caractère limpide. Deux titres seulement en effet
mais dont la puissante réussite laisse à penser qu'ils ne font que dépuceler un
potentiel plus grand encore et une identité qui devrait s'affirmer dans les
années à venir, elle qui manque encore un peu de personnalité, relative
faiblesse qu'explique le jeune âge de cette formation. C'est donc avec attention que nous suivrons
désormais Dispersion, conclusion facile peut-être mais qui s'impose d'elle
même...(cT14)
Post Black Metal | 18:12
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