Etre directement sollicité par le groupe ou le label pour une chronique, est un des petits plaisirs du (modeste) gratte-papier. Si cela peut être embarrassant quand le sujet à commenter se révèle d'une piètre qualité, le plus souvent la démarche aboutit à une belle découverte. Contre toute attente, DARTROPIA entre dans la seconde catégorie, auteur d'un essai séminal qui a le charme de la première fois, (un peu) maladroit sans doute, plus par manque de moyens d'ailleurs que par un défaut d'inspiration, mais dont l'écoute ne donne pas d'autre envie que celle d'y retourner, de se replonger dans sa caverneuse intimité. One-man band venu d'Alsace, le projet arpente les terres rugueuses du doom death, ce qui constitue la première de ses (nombreuses) qualités. Mais ce n'est donc pas la seule. Si les claviers auraient pu être moins bavards ("The Fall"), la guitare sait heureusement creuser des sillons granuleux et obsédants qui drape d'un suaire mélancolique ces compositions baignant dans une atmosphère désenchantée. Elle est le pinceau douloureux d'émotions nourries de regrets et de tristesse que souligne un chant d'outre-tombe qui gronde depuis une crypte aux profondeurs abyssales. Errant parfois dans des limbes funéraires, comme lors du très beau "Things That I See" qui, du haut de ses quasi onze minutes au garrot et fort d'un final évoquant la Sainte Trinité du UK Doom des années 90, s'impose comme son Golgotha, Sons Of Gaïa déflore une inspiration qu'on devine encore balbutiante mais néanmoins bien réelle. Si au milieu du menu se glisse une courte piste instrumentale vaguement ambient qui ne se justifiait pas vraiment, les idées ne manquent pas, essaimant tout du long des repères qui s'accrochent à la mémoire, y laissant de durables sédiments. Le titre éponyme et sa mélodie entêtante, "Sundown Over Mankind", séduisant instrumental (celui-là) ou la dernière partie de "You Will Follow Me" comptent ainsi à l'actif de ce galop d'essai sans prétention dont on regrette surtout qu'il ne soit publié que sous un froid apparat digital (pour la forme) et qu'il reste vierge de cette dimension organique que seul un vrai groupe peut produire (pour le fond). Sons Of Gaïa a les faiblesses de ses qualités, objet bricolé qui sent bon le petit artisanat. Prometteur à tout le moins... (cT2014)
Doom Death
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