Oui. Quelques minutes suffisent parfois. Pour faire
quoi exactement ? Pour faire une découverte. Pour se dire qu'on tient là
quelque chose. Huit petites minutes, c'est la durée de I'm The Psychic Wars,
l'acte de naissance de Aktor, projet qui fait le grand écart par-dessus
l'Atlantique, entre la Finlande et les Etats-Unis. Entre un patronyme au
capital séduction à peu près nul et un format, celui d'un simple 7' single, le
truc ne paie donc pas de mine. Et pourtant. Si vous regrettez que le grand Blue
Öyster Cult n'ait toujours pas trouvé son digne héritier, alors on ne saurait
trop vous conseiller de jeter plus qu'une oreille sur cette rondelle au charme
irrésistible. Vous ne serez pas déçus. Mais une présentation s'impose
peut-être, expliquant du coup une telle instantanée maîtrise de la part d'un
nouveau groupe dont les trois membres ne sont quant à eux pas des inconnus. A
son origine, on trouve le bassiste Jussi Lehtisalo, fondateur du Circle, entité
culte finlandaise entre Krautrock et musique progressive, secondé par son
batteur Tomi Leppänen. Pour tenir le micro, le deux lascars ont eu la
judicieuse idée de faire appel au Professor Black, alias Chris Black que les
fans d'un certain Heavy Metal, à la old Maiden, connaissent bien grâce à
Dawnbringer et à Superchrist. Judicieuse idée car le timbre de l'Américain se
fond à merveille dans ce (Hard) Rock d'un autre âge, nostalgique sans doute,
anachronique aussi et pourtant intemporel. Tour en réussissant l'exploiter de
ne pas sonner (trop) daté, l'objet se pare de cette patine un peu synthétique
typique de la fin de la seconde moitié des années 70 et du début de la décennie
suivante. A l'écoute de ces deux titres très courts, le souvenir de Agents Of
Fortune ou de Cultösaurus Erectus surgit immédiatement. Même dynamique feutrée,
même lignes de chant accrocheuses, même soli d'une noire flamboyance, le tout
enrichi de choeurs qui ne sont pas sans évoquer Rainbow époque Graham Bonnet,
de sons électroniques ("Buried By The Sea") et ancré dans un socle
rythmique plus appuyé, comme en témoigne le morceau éponyme dont rien que le
nom charrie des relents du culte de l'huitre bleue. A ce songwritting
impeccable et à ses influences synthpop qui doivent tout aux Finlandais, Chris
Black apporte son énergie et son charisme. Conclusion évidente : son goût de
trop peu n'empêche pas I'm The Pyschic War de titiller l'appétit, nous faisant
maintenant réclamer un véritable album. Celui-ci verra-t-il le jour ? Croisons
les doigts. Quel gâchis cela serait si tel n'était pas le cas... (882)
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