Moins culte et exposée que ses consoeurs scandinave ou
britannique, la chapelle Doom italienne n'est pourtant pas à négliger, honorant
toutes les mamelles du genre, True et épique avec Thunderstorm, louchant vers
le Dark Prog via toutes les productions made in Black Widow, Funéraire (Urna),
Stoner Rock (Ivy Gardden Of The Desert)... Et le Sludge dans tout cela ? La
Cuenta est justement là pour fouailler ces chairs à vif aux confins du Post
Hardcore. Et plutôt bien d'ailleurs. Après deux albums aussi intenses
qu'explosifs, le trio revient cette année avec Litanie Divorate dont le nom et
le visuel bestial suffisent à en garantir la haute teneur en énergie noire,
rampante. Cauchemardesque. Deux titres, deux blocs pétrifiés de matière en
fusion, pulsations brutes aux
ramifications tentaculaires qui s'étirent sur une bonne trentaine de minutes,
assurant une tension épidermique et rentrée toujours au bord de la rupture,
éjaculation constamment retardée jusqu'aux ultimes mesures, funestes,
forcément. "Litanie" est le premier d'entre eux. Il est un amas
d'ondes telluriques, fracas de guitares au goût de rouille, que perfore un
chant hurlé. Andrea Bertelli semble s'arracher les boyaux, dégueuler sa haine
comme si demain ne devait plus jamais exister. Le titre suit une trajectoire
inexorable qui l'entraîne dans les profondeurs d'un puits sans fin. Nappés de
sonorités à la lisière du Drone apocalyptique, les instruments creusent pendant
de très longues minutes ce qui sera leur propre tombe, coups de boutoir
terrifiants qui paraissent ne jamais vouloir mourir, résonnant peu à peu comme
les derniers battements de coeur d'un supplicié. Au contraire, "Of
Devoured Mother" , quant à lui, donne l'impression de ne jamais vraiment
démarrer, magma infernal, incandescent, de riffs gangrenés, de soundscapes
grouillants et de psalmodies suffocantes qui vocifèrent à intervalles
irréguliers. Davantage que le Sludge, c'est un Drone ferrugineux, rongé par une
lèpre contaminatrice qui s'échappe durant plus de douze minutes. Et lorsque le
morceau décolle enfin, c'est pour s'achever presque brutalement, laissant
quelque peu l'auditeur sur sa faim. Mais rallongé d'une piste supplémentaire,
Litanie Divorate aurait très certainement perdu cette intensité dévoreuse d'espace.
En l'état, il est cette créature monstrueuse qui dévore tout son passage, masse
de chairs macérant dans le sang de ses proies... (La Horde Noire 2013)
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