Le fait d'avoir rejoint récemment l'écurie AFM devrait à la fois permettre à Dalriada (nom tiré d'un royaume gaélique) d'offrir son Folk-Metal à un plus large public tout en risquant de le noyer au milieu d'une multitude de suiveurs, tétant certes un même tonneau, mais se révélant plus dignes d'une fête de la bière allemande que d'un shamanisme séculaire. Or Dalriada mérite mieux que cette comparaison. Cette troupe de Hongrois n'a en effet pas attendu que le genre devienne à la mode pour forger dans les verdoyantes forêts orientales une musique où se fondent le folklore et les légendes de la Hongrie. Déjà auteur de cinq offrandes (dont deux sous le patronyme de Echo Of Dalriada), le groupe reste fidèle à sa généreuse inspiration et livre, après la parenthèse que constituait l'album Arany, hommage au poète Janos Arany, ce Igéret dont on espère qu'il sera bien le mérité sésame vers une reconnaissance élargie. Sur un substrat vocal à base de chant féminin (celui prépondérant de la jolie Laura Binder) et masculin, clair ou plus sombre, Dalriadagreffe des éléments issus du terreau hongrois : accordéon, violon, tambourin, lute... pour accoucher d'un sympathique creuset au confluent du Folk et du Heavy. Après des débuts plus épiques, le collectif tend de plus en plus, et avec bonheur, à diversifier sa palette. Igéret, soit le mois de mai en Hongrois (la discographie suit le calendrier depuis le début du groupe), le prouve. Balisé comme d'habitude par une intro et une outro, celui-ci galope à travers une prairie où ondule un océan de verdure magnifique et enchanteur ("Igazi Tûz") et que rehaussent des touches presque seventies (le rapide "Hozd el, isten" emporté dans un tourbillon d'harmonica) ou plus progressives ("Mennyie Harang", "A Hadak Útja"). Chantant dans sa langue maternelle, Laura est le guide de cette sarabande envoûtante. Elle nous invite à la suivre dans une contrée où fusionnent la nature et la mythologie, par le biais de danses enlevées ("Hajdútánc") ou plus atmosphériques (le très beau "Leszec A Csillag"). Entre beauté chaleureuse et ridicule, le Folk-Metal est un art plus difficile qu'on ne le croit. Les Hongrois, même s'ils évitent parfois de peu de sombrer dans le second, conserve une forme de noblesse et de gravité qui les distinguent des traîne-savates polluant le style. C'est rafraichissant, charmant et très légèrement voilé par une mélancolie sous-terraine qui affleure par moment à la surface d'un Metal plus lisse qu'autrefois mais plus maîtrisé également. Sans mettre son identité en jachère,Dalriada exporte son art et réussit une belle offrande aux couleurs chatoyantes qui, nous l'espérons, vous donnera envie de découvrir le reste de sa riche discographie. Cette année, le printemps est en avance ! (cT11)
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