D'une certaine manière, et en exagérant un peu, on peut affirmer, nonobstant la qualité certaine des opus qui ont suivi, et notamment son testament éponyme, qu'After Forever ne s'est jamais vraiment remis du départ de Mark Jansen, parti en 2002 former Epica. Ce ne sont sans doute pas les fans de ce dernier qui contrediront ce constat. Onze ans après la découverte de cette formation hollandaise dont certains prédisaient alors qu'elle suivrait la même voie couronnée de succès que son compatriote Within Tempation, force est d'admettre en effet que le groupe n'a pas fait mieux que ses deux premières offrandes. C'est en 1995 que les deux guitaristes Sander Gommans et Mark Jansen unissent leur talent pour former Apocalypse, nom bien vite abandonné au profit de celui d'After Forever, tiré d'une chanson de Black Sabbath. Les choses sérieuses ne commencent en réalité que deux ans plus tard avec l'embauche de la chanteuse soprano Floor Jansen, laquelle va permettre à la musique imaginée par l'hydre à deux têtes de prendre forme. Deux démos plus tard, c'est donc Prison Of Desire qui marque les débuts discographiques d'un groupe qui, tout en reprenant à son compte les référents du Gothic Doom scandinave (Tristania, Trail Of Tears...), lui injecte une dimension à la fois plus puissante et opératique. S'il doit encore beaucoup à ses ainés, comme le confirme l'allégeance au double chant féminin classique et grognements masculins (assurés par Jansen), ce galop d'essai se veut déjà pourtant bien supérieur aux précédents disques de ce style, supériorité qu'il doit à plusieurs facteurs. D'une part à l'incontestable talent de compositeurs de la paire Gommans/Jansen (on comprend mieux pourquoi le groupe n'a jamais renoué avec la même réussite suite à l'éviction du second), auteur de très belles pièces d'un sombre symphonisme, qu'il s'agisse des hymnes "Leaden Legacy" et "Follow In The Cry", des plus complexes "Black Tomb", "Yield To Tempation" (où l'on découvre la longue suite "The Embrace That Smothers" que Mark Jansen poursuivra avec Epica sur les albums The Phantom Agony et The Divine Conspiracy) ou du déchirant et terminal "Beyond Me", sur lequel Sharon Den Adel (Within Temptation) vient seconder l'imposante Floor pour un résultat d'une puissance dramatique belle comme un chat qui dort. D'autre part, c'est bien entendu à cette dernière que le groupe doit une bonne partie de son charme.Prison Of Desire y dévoile une présence vocale éblouissante, unique en cela qu'elle allie la grandiloquence baroque des cantatrices norvégiennes et la portée émotionnelle propre à l'école hollandaise (The Gathering, Orphanage). Malgré la réussite séduisante de ce premier jet, After Forever devra encore patienter quelques mois supplémentaires et la sortie de Decipher pour véritablement s'imposer comme une valeur sûre, seconde publication qui permettra à beaucoup de découvrir son prédécesseur passé relativement inaperçu en dehors des frontières bataves et de peaufiner un style dont les bases ont clairement été posées par Prison Of Desire et qu'il propulsera vers des sommets. (4)
Hordes
lundi 31 octobre 2011
Chronique : After Forever - Prison Of Desire (2000)
D'une certaine manière, et en exagérant un peu, on peut affirmer, nonobstant la qualité certaine des opus qui ont suivi, et notamment son testament éponyme, qu'After Forever ne s'est jamais vraiment remis du départ de Mark Jansen, parti en 2002 former Epica. Ce ne sont sans doute pas les fans de ce dernier qui contrediront ce constat. Onze ans après la découverte de cette formation hollandaise dont certains prédisaient alors qu'elle suivrait la même voie couronnée de succès que son compatriote Within Tempation, force est d'admettre en effet que le groupe n'a pas fait mieux que ses deux premières offrandes. C'est en 1995 que les deux guitaristes Sander Gommans et Mark Jansen unissent leur talent pour former Apocalypse, nom bien vite abandonné au profit de celui d'After Forever, tiré d'une chanson de Black Sabbath. Les choses sérieuses ne commencent en réalité que deux ans plus tard avec l'embauche de la chanteuse soprano Floor Jansen, laquelle va permettre à la musique imaginée par l'hydre à deux têtes de prendre forme. Deux démos plus tard, c'est donc Prison Of Desire qui marque les débuts discographiques d'un groupe qui, tout en reprenant à son compte les référents du Gothic Doom scandinave (Tristania, Trail Of Tears...), lui injecte une dimension à la fois plus puissante et opératique. S'il doit encore beaucoup à ses ainés, comme le confirme l'allégeance au double chant féminin classique et grognements masculins (assurés par Jansen), ce galop d'essai se veut déjà pourtant bien supérieur aux précédents disques de ce style, supériorité qu'il doit à plusieurs facteurs. D'une part à l'incontestable talent de compositeurs de la paire Gommans/Jansen (on comprend mieux pourquoi le groupe n'a jamais renoué avec la même réussite suite à l'éviction du second), auteur de très belles pièces d'un sombre symphonisme, qu'il s'agisse des hymnes "Leaden Legacy" et "Follow In The Cry", des plus complexes "Black Tomb", "Yield To Tempation" (où l'on découvre la longue suite "The Embrace That Smothers" que Mark Jansen poursuivra avec Epica sur les albums The Phantom Agony et The Divine Conspiracy) ou du déchirant et terminal "Beyond Me", sur lequel Sharon Den Adel (Within Temptation) vient seconder l'imposante Floor pour un résultat d'une puissance dramatique belle comme un chat qui dort. D'autre part, c'est bien entendu à cette dernière que le groupe doit une bonne partie de son charme.Prison Of Desire y dévoile une présence vocale éblouissante, unique en cela qu'elle allie la grandiloquence baroque des cantatrices norvégiennes et la portée émotionnelle propre à l'école hollandaise (The Gathering, Orphanage). Malgré la réussite séduisante de ce premier jet, After Forever devra encore patienter quelques mois supplémentaires et la sortie de Decipher pour véritablement s'imposer comme une valeur sûre, seconde publication qui permettra à beaucoup de découvrir son prédécesseur passé relativement inaperçu en dehors des frontières bataves et de peaufiner un style dont les bases ont clairement été posées par Prison Of Desire et qu'il propulsera vers des sommets. (4)
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