Véritable tête chercheuse en matière de Black Metal, Moribund a, en dépit de quelques découvertes plus douteuses (Bahimiron...) souvent le nez creux pour déblayer des gemmes noirs, que l'on songe au tentaculaire Leviathan il y a quelques années maintenant ou plus récemment Thrall et Moon. Et ce n'est pas sa nouvelle signature qui contredira ce constat.
En effet, Chasma, c'est du Black Metal et du meilleur, certes sans doute assez peu original dans sa manière de creuser un sillon désormais bien lessivé mais cependant architecte d'un édifice envoûtant. Fondé par Tony Komforty et Aaron Schomaker, transfuge de Altar Of Earth, emissaire d'un Sludge Doom naturaliste et auteur d'une unique démo en 2007 (Gloomlore), le trio est originaire de Portland, Oregon, terreau fertile à la prolifération d'un art noir souvent évolutif, Agalloch en témoigne. Mais ce n'est toutefois pas cette sente terreuse que Chasma a décidé d'emprunter mais plutôt le labyrinthe tortueux conduisant à un temple impie dressé et isolé au milieu d'une lèpre urbaine. Les Américains citent volontiers des références hexagonales (Deathspell Omega...) comme influences, prouvant qu'ils sont des hommes de goût. Forcément.
Premier méfait, à peine annoncé par une démo il y a deux ans, Declarations Of The Grand Artificer parle pour lui même. Eclaté en trois segments d'une dizaine de minutes chacun, il résonne comme une invite à pénétrer dans un sanctuaire que drap une aura plus négative que dépressive. Sa structure tricéphale s'y prêtant, essayons de décrire cet album aux contours reptilien. Après un début dominé par les blasts et un chant hystérique, "Daystar Angelwar" se voit très vite perforé par des fissures maladives qu'égrènent des lignes de guitares lancinantes tandis qu'en son milieu, les trois musiciens tricottent des instants mortifères, palpitant au rythme d'une batterie hypnotique.
A ce morcau de bravoure épique et cabalistique, succède "Shadowbend" reposant sur de lointains oripeaux Shoegaze, heureusement balayés par des coups de boutoir rapides et décharnés. Ténébreux, "Blue Jewel Destruction" ferme la marche, long dérelict entraîné par ce chant aux confins de la folie et un tempo obsédant presque groovy, trahissant les racines Doom de ses auteurs qui, désireux d'explorer une autre facette de l'extrême, savent lui inoculer des vibrations organiques, comme lors des lentes dernières mesures de cette douloureuse conclusion. Et tant pis si l'oeuvre ressemble davantage à un EP un peu gonflé aux allures d'ébauche, car celle-ci annonce très certainement des promesses obscures et désormais très attendues...
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