Bénéficiant désormais d’une aura quasi culte comme tend à le démontrer le double partenariat avec Candlelight et Profound Lore, il aurait été tentant pour Altar Of Plagues de poursuivre la voie entamée avec sa précédente excavation, Tides, EP qui le voyait souligner ses traits les plus atmosphériques et post metal pour un résultat encore une fois impressionnant. Il n’est donc rien et Mammal reprend plutôt les choses là où les avait laissées White Tomb il y a deux ans. Le socle sale et boueux à base de post black metal ferrugineux est identique. L’architecure également, reprenant une figure à quatre côtés. Mais outre le fait que ceux-ci ne semblent cette fois-ci n’en former qu’un seul, les Irlandais surprennent et déceveront peut-être, en cherchant à canaliser la puissance dévastatrice de leur art. Tout en tension rentrée et souterraine, Mammal a quelque chose d’une boule de haine qui paraît constamment vouloir repousser le moment de l’explosion, du déchainement. Malgré les décharges terreuses qui le secouent, « Neptune Is Dead », du haut de ses 18 minutes, illustre bien ce canevas où l’énergie sismique propre au groupe, est toujours prête à jouir sans jamais vraiment y parvenir. A la ligne droite, les Irlandais préfèrent les courbes tortueuses, les chemins sinueux. Si l’effet de surprise ne joue plus désormais, on se surprend toutefois à être encore étonné par les tentaculaires ramifications que le groupe arrivent à déterrer de cette terre épaisse charriant un désespoir prégnant et douloureux. Comme en témoigne le grandiose « Feather And Bone », intacte est sa faculté, aidé par une batterie dont les roulements ressemblent à des battements de cœur en fin de course, à tricoter de longs instants suspendus au-dessus d’un gouffre sans fin. Jusque au bord de la rupture. C’est dans ces moments de (fausses) accalmie que la musique d’Altar Of Plagues gagne toute sa beauté désanchantée, laquelle vous prend aux tripes. Si « When The Sun Drowns In The… » pourra décevoir, long râle mortuaire uniquement basé sur une fantomatique imprécation féminine d’inspiration gaélique, il participe cependant de l’ambiance funéraire d’un album sévère d’une texture rèche et en cela, y a toute sa place car, loin d’en polisser les contours contribue au contraire à l’enfoncer profondément dans un charnier insondable, préparant ainsi le terrain à la pulsation terminale, « All Life Converge To Some Center », marche funèbre aux confins d’un Doom abyssal que fissurent des lignes de guitares à la fois granitiques et belles à en pleurer. Quand bien même les limites de son art commencent tout doucement à affleurer à la surface, il est encourageant de voir qu’un groupe comme Altar Of Plagues qui ne conçoit pas ses albums comme le simple agrégat de morceaux disparates mais au contraire comme un tout indivisible avec un début et une fin, bénéficient d’une reconnaissance tout à fait méritée. Organique et vertigineuse, intense et douloureuse, Mammal est une œuvre écrite à l’encre noire, celle de la tourbe, qui lui sert de combustible et qui confirme une identité sonore qui porte en elle les stigmates tant historiques que géographiques de la terre qui a vu naître ses auteurs. (Music Waves 2011)
Hordes
mardi 20 mars 2012
Chronique : Altar Of Plagues - Mammal (2011)
Bénéficiant désormais d’une aura quasi culte comme tend à le démontrer le double partenariat avec Candlelight et Profound Lore, il aurait été tentant pour Altar Of Plagues de poursuivre la voie entamée avec sa précédente excavation, Tides, EP qui le voyait souligner ses traits les plus atmosphériques et post metal pour un résultat encore une fois impressionnant. Il n’est donc rien et Mammal reprend plutôt les choses là où les avait laissées White Tomb il y a deux ans. Le socle sale et boueux à base de post black metal ferrugineux est identique. L’architecure également, reprenant une figure à quatre côtés. Mais outre le fait que ceux-ci ne semblent cette fois-ci n’en former qu’un seul, les Irlandais surprennent et déceveront peut-être, en cherchant à canaliser la puissance dévastatrice de leur art. Tout en tension rentrée et souterraine, Mammal a quelque chose d’une boule de haine qui paraît constamment vouloir repousser le moment de l’explosion, du déchainement. Malgré les décharges terreuses qui le secouent, « Neptune Is Dead », du haut de ses 18 minutes, illustre bien ce canevas où l’énergie sismique propre au groupe, est toujours prête à jouir sans jamais vraiment y parvenir. A la ligne droite, les Irlandais préfèrent les courbes tortueuses, les chemins sinueux. Si l’effet de surprise ne joue plus désormais, on se surprend toutefois à être encore étonné par les tentaculaires ramifications que le groupe arrivent à déterrer de cette terre épaisse charriant un désespoir prégnant et douloureux. Comme en témoigne le grandiose « Feather And Bone », intacte est sa faculté, aidé par une batterie dont les roulements ressemblent à des battements de cœur en fin de course, à tricoter de longs instants suspendus au-dessus d’un gouffre sans fin. Jusque au bord de la rupture. C’est dans ces moments de (fausses) accalmie que la musique d’Altar Of Plagues gagne toute sa beauté désanchantée, laquelle vous prend aux tripes. Si « When The Sun Drowns In The… » pourra décevoir, long râle mortuaire uniquement basé sur une fantomatique imprécation féminine d’inspiration gaélique, il participe cependant de l’ambiance funéraire d’un album sévère d’une texture rèche et en cela, y a toute sa place car, loin d’en polisser les contours contribue au contraire à l’enfoncer profondément dans un charnier insondable, préparant ainsi le terrain à la pulsation terminale, « All Life Converge To Some Center », marche funèbre aux confins d’un Doom abyssal que fissurent des lignes de guitares à la fois granitiques et belles à en pleurer. Quand bien même les limites de son art commencent tout doucement à affleurer à la surface, il est encourageant de voir qu’un groupe comme Altar Of Plagues qui ne conçoit pas ses albums comme le simple agrégat de morceaux disparates mais au contraire comme un tout indivisible avec un début et une fin, bénéficient d’une reconnaissance tout à fait méritée. Organique et vertigineuse, intense et douloureuse, Mammal est une œuvre écrite à l’encre noire, celle de la tourbe, qui lui sert de combustible et qui confirme une identité sonore qui porte en elle les stigmates tant historiques que géographiques de la terre qui a vu naître ses auteurs. (Music Waves 2011)
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