Hordes

vendredi 25 octobre 2013

Chronique : Centurions Ghost - The Great Work (2007)



Centurions Ghost est un enfant de la Perfide Albion. Cette précision vaut son pesant de plomb car à l’écoute de son art de la douleur, ce n’est pas si évident. On l’aurait davantage imaginé ayant vu le jour aux States tant le doom qu’il forge plonge ses racines dans un terreau identique à celui des Saint Vitus, The Gates Of Slumber et autre Apostle Of Solitude. Le paysage – ravagé – est donc posé. Sa seconde offrande, The Great Work, est un édifice de granite au son épais comme une coulée de sperme après deux jours d’abstinence. Centurions Ghost maîtrise tous les invariants du heavy doom à la sauce ketchup : riffs usinés dans les aciéries, rythmes pachydermiques qui vous écrasent, arrachent le papier peint de votre chambre, chanteur  à la voix rageuse qui dégueule ses tripes à chaque fois (« Let Sleeping Corpses Die). Mais…car il y a un mais, il y a toujours, au détour des morceaux, un détail qui rappelle ses origines européennes. Ce son de claviers façon orgue hammond ouvrant le grandiose « The Supreme Moment » qui évoque le fantôme de Deep Purple (oui, pour moi, le Pourpre Profond est mort et ce, depuis 1993) ou aux sonorités plus hantées à la King Crimson (« I Am God, You Are Denied »), les guitares biberonnées au grand hard rock des seventies (Purple à nouveau, Black Sabbath, forcément, comme sur « In Defiance ») et ce chant plus mélodique bien que râpeux sur le plus atmosphérique « Black Hearts Will Break » témoignent clairement que Centurions Ghost a les deux jambes velues arquées au-dessus de l’Atlantique. De fait, The Great Work, à l’imagerie empruntée aux Francs-maçons, se veut un habile dosage entre la musicalité du heavy metal du vieux continent et le visage plus âpre, plus rude, du pur doom US, dont il arbore la violence épidermique, comme peut illustrer une enclume de l’acabit de « Bedbound (In The House Of Doom) », qu’irriguent des coulées de six cordes minérales. Si le groupe sait se poser le temps d’un instrumental qui lui permet de faire parler son cœur (« Specimen N°7 », tout en arpèges dépouillés, titre néanmoins complètement déglingué durant ses ultimes mesures), généralement, c’est plutôt la poudre qu’il préfère laisser parler, une poudre noire qui répand une profonde mélancolie. « Walking Through Walls » et ses teintes psychédéliques, l’abyssal « I Am God, You Are Denied », durant lequel Mark Scurr hurle son désespoir comme si demain ne devait jamais succéder à aujourd’hui, sont à ce titre, deux blocs compacts, tendus comme des verges turgescentes et surtout poissés par une noirceur pétrifiée. Avec cette seconde offrande, Centurions Ghost enfonce encore plus le clou par rapport à l’inaugural A Sign Of Things To Come. Que nous réserve l’avenir ? On en frisonne d’avance… Un grand groupe et un grand disque donc.




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