Héritier d’une longue tradition de live capturé au
pays du soleil levant (Tokyo Tapes de Scorpions, Live At Budokan de MSG) initié
par le Made In Japan de Deep Purple, ce qui n’est pas pour déplaire à Mike
Amott, grand fan de hard rock des seventies devant l’éternel, Tyrants Of The
Rising Sun représente bien ce qu’est (devenu) Arch Enemy aujourd’hui : une
machine. Oui, une machine que rien ne vient jamais gripper, froide et sans
magie. Sans folie aussi, contrairement aux performances des dinosaures cités
plus haut. Une machine du reste impressionnante par sa maîtrise technique. Tout
est en place, tout est carré, ultra efficace. Les frangins Amott démontrent
encore une fois quels remarquables duellistes ils sont et Angela est une sacrée
bête de scène. Toutes les cartouches tirées font leur trou, accrocheuses,
puissantes et mélodiques. Publié sous plusieurs formats (DVD, double vinyle…),
ce live enregistré durant la dernière tournée du groupe témoigne aussi
clairement de la césure survenue avec l’arrivée de la teutonne derrière le
micro avec l’album Wages Of Sin (2001). Son intronisation correspond à une
double évolution car elle correspond à la fois à l’explosion commerciale
des Suédois en même tant qu’elle les éloigne du death technique des débuts pour
enfanter depuis une musique bien plus mélodique, biberonnée au hard rock (les
soli de Michael et Christopher sont à ce titre éloquents, ce qui n’enlève rien
à leur qualité). Parfois même, les branlettes de manche néoclassiques chères à
Yngwie Malmsteen ne sont pas loin (« Intermezzo Liberté »). Alors
certes, ca avoine encore sévère, notamment grâce à l’organe furieux de la
blonde mais il est tout de même un peu triste de constater que les
antédiluviens « Fields Of Desolation », « Dark Insanity »
(extrait de Black Earth) et « Silverwing » (Burning Bridges) sont les
seuls oripeaux du passé d’une set list qui fait donc la part belle aux quatre
derniers opus et notamment au petit dernier Rise Of The Tyrants, représenté par
six emprunts, dont « Blood On Your Hands », « The Day You
Died », et « Vultures ». Ce live est donc à prendre pour ce
qu’il est, une synthèse du Arch Enemy avec Angela Gossow, quand bien même il
n’est pas le premier (citons le EP Dead Eyes See No Future et le DVD Live
Apocalypse). Pourtant, paradoxalement, malgré ces lignes un peu critiques,
Tyrants Of The Rising Sun est très bon. Il est même carrément jouissif quand
les deux frères se lancent dans un étalage virtuose écœurant de classe et de
feeling (« Snowbound »). Et puis, comment résister à des hymnes de
l’acabit de « Ravenous », « Taking Back My Soul »,
« Burning Angels », Enemy Within » ou bien encore
« Nemesis » ? Impossible. Les fans de la dernière période du
groupe, auxquels cet album est clairement destiné, seront donc comblés. Ceux
qui suivent en revanche Amott depuis Carnage et Carcass, pourront continuer de
passer leur chemin. Ils ont pourtant tort car la bonne musique reste de la
bonne musique. Et ce que crée aujourd’hui les Suédois en est incontestablement…
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