Sans
faire de lui le Graal qu'il n'est pas (tout à fait), il n'en demeure pas moins
que ce premier opuscule longue durée de Funeral Circle était particulièrement
attendu par tous les adorateurs de la déesse Doom, attente justifiée par
plusieurs amuse-gueules prometteurs, à commencer par le EP Sinister Sacrilege
et plus encore un split partagé avec ni plus ni moins que Lord Vicar. Publié sous la houlette du passionné
Shadow Kingdom Records, l'un de nos pourvoyeurs préférés en matière de Doom
traditionnel, cet album éponyme est enfin là, six ans après que ses auteurs
aient vu la nuit au Canada et dans la région de Vancouver pour être précis. Sept titres structurent ce programme qui
fait honneur à une certaine définition du genre, pure et authentique qu'aucun
bubon extérieur ne vient jamais enkyster, qu'il s'agisse de voix caverneuses ou
de nappes funéraire. Non, Funeral Circle forge un Doom Metal classique, celui
des origines, le meilleur peut-être bien. Il en respecte totalement le credo,
du rythme plombé comme prisonnier d'une gangue de désespoir aux lignes vocales
riches d'une solennité majestueuse, des riffs rocailleux beaux comme un chat
qui dort et sculptant des câbles de tristesse ("The Charnel God",
superbe morceau épique aux guitares flamboyantes) à cette architecture dont les
racines ne s'emberlificotent pas dans de paresseuses méandres. Ainsi, bien que
souvent assez longs, les titres suivent une ligne claire, progressant vers une
issue que l'on devine (forcément) funeste. Parfois construit sur un socle
ramassé, à l'image de "Scion Of Infinity", "The Wandering
Dreamer" ou "Black Colossus", pièces au demeurant magnifiques,
le menu n'enclenche jamais vraiment la seconde, anesthésié par une inexorabilité
douloureuse. Trop peut-être même pour toujours captiver. Une plainte telle que
"Obelisk", du haut de ses presque 12 minutes au jus, ne parvient par
exemple pas à éviter l'ennui, se trainant un peu paresseusement jusqu'à un
sursaut qui ne surgit finalement jamais malgré
des belles interventions du guitariste Pilgrim. Mais c'est aussi cela,
le Doom, ce monolithisme absolu, figé dans la roche que rien ne vient briser ni
corrompre. En cela ce galop d'essai est une leçon. Reste qu'on n'aurait
souhaité davantage de magie (noire) de sa part, relatif bémol qui ne grève en
rien la robuste tenue de ces compositions grondant d'une sourde puissance dont
on sent qu'elles sont le fruit d'une longue maturation. S'il n'invente rien, ce
qu'on ne lui demande d'ailleurs pas, cet album éponyme se montre à la hauteur
de l'attente que ses diverses ébauches ont suscité. (La Horde Noire 2013)
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