Hordes

jeudi 21 novembre 2013

Chronique : Seremonia - Ihminen (2013)




A l'instar des groupes des seventies qui lui servent d'humus, lesquels enrichissaient chaque année leur discographie d'une ou deux galettes supplémentaires, Seremonia est déjà de retour dans les bacs un an tout juste après avoir livré un opus séminal remarqué. Plus guère habitués à cette frénésie créatrice, nous pouvions craindre que les Finlandais aient confondu vitesse et précipitation, victime d'une muse en berne. Or, il n'en est rien. Mieux, affirmer que le quintet transforme l'essai tient de l'euphémisme tant les progrès distinguant ces deux albums se révèlent nombreux. Le socle demeure pourtant inchangé. De fait, "Ihminen" (humain en finnois) baguenaude toujours quelque part entre Doom occulte, rock psyché et Folk progressif, guidé par le chant teinté d'étrangeté de la troublante Noora Federley. Quand tant d'autres se contentent de se glisser sans personnalité dans le sillage de leur aînés, le groupe est déjà détenteur d'une patte, d'une identité, d'un univers qui lui sont propres et que définissent autant le recours aux finnois pour des textes aux sonorités poétiques et que cet artwork en noir et blanc, qui instaure de suite un lien évident entre les deux offrandes. Mais là où sa trop courte durée empêchait le disque éponyme de prendre son envol, son successeur bénéficie cette fois-ci d'une trame (un peu) plus étirée. Des titres aux canevas extrêmement resserrés bordent toujours le menu mais outre le fait que ceux-ci s'avèrent plus développés que leurs devanciers, les Finlandais s'essaient ici à franchir la barre des cinq minutes au compteur, tentative inédite qui se solde par une triple réussite. Il s'agit d'abord de 'Itsemurhaaja', piste aux ambiances somnanbuliques qu'irriguent des riffs pesants et qu'achève un final au bord de la folie. C'est ensuite 'Painajaisten Maa', longue respiration lunaire qui après une amorce incantatoire s'emballe soudainement en une poussée aux sombres couleurs, notamment peintes par cette flûte hantée plus que jamais présente, instrument aux interventions cette fois-ci plus travaillées encore, avant de renouer avec sa léthargie originelle. C'est enfin 'Hallava Evonen', communion crépusculaire aux atours sinistres. Mais les morceaux plus courts ne sont pas en reste en terme de qualité, bien au contraire. Plus rapide et entraînants, ceux-ci font souvent mouche à l'image du dynamique 'Ovi' ou bien encore de 'Suuri Valkeus'.Seremonia met l'accent sur une dimension plus épique qu'il réussit à exploiter à l'intérieur d'un cadre toujours ramassé aux allures de brouillon, pulsations à l'aspect volontairement inachevé. On tient d'ailleurs là une des principales force de ce groupe résolument à part, dans cette faculté à en dire beaucoup en très peu de temps. Soignant les atmosphères irréelles et les arrangements idoines, le combo poursuit le polissage de ce style singulier qui repoussera autant qu'il séduira. D'un abord monotone, "Ihminen" regorge d'un charme obscur unique, un peu comme ses géniteurs, maîtres de cérémonie d'un culte étrange et séculaire. (Music Waves 2013)



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