S'il y a bien deux défauts qu'on ne saurait coller à
Zack Rose, ce sont la fainéantise et le manque de sincérité. Jamais rassasié
car, non content d'animer avec sa guitare un Nunslaughter, à la discographie
bordélique et longue comme un jour d'abstinence, le bonhomme trouve encore le
temps d'aller lutiner Nekrofilth, sa maîtresse
depuis 2008 et déjà une petite dizaine d'étrons à son actif. Sincère car
quelque soit le projet, l'authenticité, la fidélité à une certaine forme
rétrograde, pour ne pas dire primitive, du Black ou Du Death, le guident
toujours, sourd aux modes et à l'évolution. Au contraire, l'Américain se fout
pas mal de tout cela, pondant albums (un peu), splits et EP (surtout) comme
d'autres vont aux chiottes. Ses rondelles sont à l'image de cette frénésie
créatrice : rapides, intenses, sans
fioritures et garanties sans OGM. Ejaculateur précoce, il aime à envoyer la
purée au bout de deux ou trois minutes, montre en main. Si Nunslaughter, dont
il n'est d'ailleurs pas un des membres fondateurs, dégueule un Black Metal Evil
et brutal, Nekrofilth, qu'il a par contre mis en branle, pratique une espèce de
Death/Thrash à la sauce crossover, épidermique, nerveux et survolté. Après Street
Bitch, mise en bouche à l'artwork délicieux et rehaussé d'une reprise malsaine
du "Street Walker" de Black Death, dont la durée contrastait avec les
habitudes du groupe, on n'attendait avec un certaine impatience cette seconde
saillie longue durée. Enfin, longue durée, c'est une façon de parler car avec
ses 26 minutes au jus, certains EP le toisent aisément. Peu importe. Ou plutôt
si car le genre, il suffit de se souvenir du fameux S.O.D., ne peut se
concevoir sans cette urgence sale et quasi punk. Malgré la déception de ne pas
les voir se frotter vraiment à nouveau au mid-tempo mortifère, tentative
réservée donc au récent EP, les Américains n'hésitent pas à serrer le frein à
main, permettant de briser la linéarité qui sinon guettait Devil's Breath, pur
concentré de violence effrénée. "Wormskull", "I'm A
Degenerate" et "Lead Us To The Dead" attirent ainsi l'écoute
dans des méandres boueuses presque Death/Doom dans l'esprit, mais jamais
au-delà des deux minutes au jus ! Et même lorsqu'ils freinent le tempo, les
mecs ne peuvent s'empêcher de faire jaillir une accélération fiévreuse, comme
dans la seconde partie de "Smear The Sleaze". Le reste fonce pied au
plancher sans faire de prisonnier, crachant à tout vent. Pas très ambitieux
peut-être mais Nekrofilth fait montre d'une maîtrise et de ce sens de
l'accroche qui donne envie de pogoter sauvagement qui prouve qu'on n'a pas à
faire des manchots. Dans le genre, une leçon !
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