Hordes

mardi 15 octobre 2013

Chronique : Nekrofilth - Devil's Breath (2013)



S'il y a bien deux défauts qu'on ne saurait coller à Zack Rose, ce sont la fainéantise et le manque de sincérité. Jamais rassasié car, non content d'animer avec sa guitare un Nunslaughter, à la discographie bordélique et longue comme un jour d'abstinence, le bonhomme trouve encore le temps d'aller lutiner Nekrofilth, sa maîtresse  depuis 2008 et déjà une petite dizaine d'étrons à son actif. Sincère car quelque soit le projet, l'authenticité, la fidélité à une certaine forme rétrograde, pour ne pas dire primitive, du Black ou Du Death, le guident toujours, sourd aux modes et à l'évolution. Au contraire, l'Américain se fout pas mal de tout cela, pondant albums (un peu), splits et EP (surtout) comme d'autres vont aux chiottes. Ses rondelles sont à l'image de cette frénésie créatrice  : rapides, intenses, sans fioritures et garanties sans OGM. Ejaculateur précoce, il aime à envoyer la purée au bout de deux ou trois minutes, montre en main. Si Nunslaughter, dont il n'est d'ailleurs pas un des membres fondateurs, dégueule un Black Metal Evil et brutal, Nekrofilth, qu'il a par contre mis en branle, pratique une espèce de Death/Thrash à la sauce crossover, épidermique, nerveux et survolté. Après Street Bitch, mise en bouche à l'artwork délicieux et rehaussé d'une reprise malsaine du "Street Walker" de Black Death, dont la durée contrastait avec les habitudes du groupe, on n'attendait avec un certaine impatience cette seconde saillie longue durée. Enfin, longue durée, c'est une façon de parler car avec ses 26 minutes au jus, certains EP le toisent aisément. Peu importe. Ou plutôt si car le genre, il suffit de se souvenir du fameux S.O.D., ne peut se concevoir sans cette urgence sale et quasi punk. Malgré la déception de ne pas les voir se frotter vraiment à nouveau au mid-tempo mortifère, tentative réservée donc au récent EP, les Américains n'hésitent pas à serrer le frein à main, permettant de briser la linéarité qui sinon guettait Devil's Breath, pur concentré de violence effrénée. "Wormskull", "I'm A Degenerate" et "Lead Us To The Dead" attirent ainsi l'écoute dans des méandres boueuses presque Death/Doom dans l'esprit, mais jamais au-delà des deux minutes au jus ! Et même lorsqu'ils freinent le tempo, les mecs ne peuvent s'empêcher de faire jaillir une accélération fiévreuse, comme dans la seconde partie de "Smear The Sleaze". Le reste fonce pied au plancher sans faire de prisonnier, crachant à tout vent. Pas très ambitieux peut-être mais Nekrofilth fait montre d'une maîtrise et de ce sens de l'accroche qui donne envie de pogoter sauvagement qui prouve qu'on n'a pas à faire des manchots. Dans le genre, une leçon !




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