Hordes

samedi 26 octobre 2013

Chronique : The Vision Bleak - Set Sail To Mystery (2010)




Un constat s’impose (malheureusement) : depuis la mise en bière du grand Empyrium, Schwadorf aka Markus Stock n’est toujours pas parvenu à le remplacer dans le cœur des fans par un des nombreux projets qui l’occupent entre deux productions chez lui au Klangschmiede Studio E. Noekk ? Excellent (et trop méconnu) mais plus proche du rock progressif des années 70 que du (black) metal.Autumnblaze ? La formation s’est séparée pour se reformer en 2008 mais l’homme n’en est pas le maître à penser, seulement un instrument. Nachtmahr et Sun Of The Sleepless ? Disparus des écrans radar. Ne reste donc plus que The Vision Bleak , navire qu’il a mis à la mer peu avant le sabordage du chantre du black atmosphérique et pastoral avec le chanteur Alan B. Konstanz, son ancien compère au sein de Nox Mortis. Avec trois albums à son actif, The Vision Bleak est depuis devenu son groupe le plus sérieux, celui sur lequel il se concentre le plus. Toutefois, en dépit d’incontestables qualités, ni The Deathship Has A new Captain (le meilleur des trois), niCarpathia ni The Wolves Go Hunt Their Prey n’ont su réellement imposer le tandem parmi les incontournables. Or, la donne pourrait enfin changer avec cette quatrième offrande. En effet, à l’écoute de Set Sail To Mystery, on prend conscience que la signature très personnelle des Allemands, basée sur cet horror metal ténébreux rendant hommage à Lovecraft, Poe et au vieux cinéma fantastique, est enfin parvenu à maturité. Hésitant encore trop entre puissance et peinture d’atmosphères gothiques, les trois premiers jets peinaient à trouver le ton juste. Ce n’est plus cas désormais. Le décor esquissé par ses prédécesseurs, cette nouvelle échappée le propulse dans une autre sphère, une autre dimension, plus aboutie, plus équilibrée également. Après quasiment trois ans de silence, on sent que le duo a travaillé ses compositions. De fait, celles-ci révèlent une écriture où aucun point n’a été oublié. Toujours parfaitement produit par Schwadorf lui-même, cet album se veut à la fois plus dense, plus varié et surtout plus inspiré. Passés les préliminaires instrumentaux et dramatiquement symphoniques ("A Curse Of The Grandest Kind" et un "Descend Into Maelstrom" conforme aux anciens titres), Set Sail To Mystery enchaîne ensuite six perles d’un romantisme baudelairien lesquelles, tout en se nourrissant d’un même humus, réussissent à rénover, mieux à transcender une plastique fixée dès The Deathship Has A New Captain. C'est tout d'abord "I Dined With The Swans", d’une belle emphase. Lui succèdent "A Romance With The Grave", hyper heavy car basé sur de titanesques remparts rythmiques et "The Outsider" lequel s’arc-boute sur des lignes vocales frissonnantes et sur la présence fantomatique d’un piano mortifère comme tout droit échappé d’un film de John Carpenter. Mais le point G de l’album est atteint avec le long (plus de huit minutes) "Mother Nothingness", monument lancinant aux confins du Doom illuminé en son final par l’apparition de Thomas Helm (Noekk et Empyrium). Citons enfin "The Foul Within" à la peau tavelée d’ambiances horrifiques bien rendues et qui allie théâtralité et oraison malsaine, ainsi que "He Who Paints The Black Of Night", qui conclut Set Sail To Mystery sur sa note la plus agressive malgré ses oripeaux symphoniques. Sans aucun doute et bien que les deux entités ne partagent pas la même sensibilité musicale, The Vision Bleak vient de donner naissance à une œuvre à la (dé)mesure du (alors) défunt Empyrium. Enfin !



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