Hordes

vendredi 29 novembre 2013

Chronique : Aphonic Threnody - First Funeral (2013)





Bien qu'apparu au milieu des années 90 avec les offrandes matricielles sculptées par le triumvirat finlandaisThergothon, Unholy et Skepticism, ce n'est vraiment qu'au début de la décennie suivante que le Funeral Doom devient une chapelle à part entière. Les hosties qui repoussent les limites de la lenteur à son paroxysme, se succèdent alors, toutes plus belles et lugubres les unes que les autres, œuvres de Shape Of Despair,Pantheist ou Until Death Overtakes Me, pour ne citer que trois flagellants parmi les plus emblématiques du genre. Dix ans plus tard, celui-ci a vu sa source se tarir peu à peu en terme de qualité alors que les albums portant cette étiquettes abondent toujours, régurgitée désormais bien trop souvent par des traîne-savates à l'inspiration anémique. Aphonic Threnody s'inscrit dans ce morne contexte. Montage italo-anglo-hongrois formé en 2012, le projet avait de quoi exciter les masochistes à la diète en quête de la corde pour se pendre. Sur le papier, du moins. La présence dans ses rangs de musiciens chevronnés tels que des membres de Dea Marica, Urna et plus encore le vétéran et fondateur de Pantheist, Kostas, laissaient en effet espérer une marche funéraire digne de cet âge d'or révolu. Las, "First Funeral" en est très loin. Les invariants propres au genre sont pourtant bien là, alignés en rang d'oignons. Le chant est caverneux, le tempo léthargique, les ambiances monotones, engluées dans une langueur hivernale. Les guitares tissent des notes de désespoir comme sur le très beau 'Hollow' et nous avons même droit à une reprise de l'antédiluvien 'Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium' de My Dying Bride dont le quart d'heure vient épaissir le menu d'origine conçu comme un EP. Bon, mais d'où viennent les grumeaux, alors ? De ces atmosphères plus envoûtantes que coagulantes, nappes brumeuses qui peinent à s'amasser derrière les carreaux de la fenêtre. De ces claviers envahissants plombés par un regrettable déficit en noirceur. De cette incapacité à capter tout simplement ce feeling mortifère qui rendait le Funeral Doom si puissamment douloureux. Trop méditerranéen et pas assez anglais, "First Funeral" pourrait être beau, ce qu'il n'est même pas vraiment. Il s'écoute sans déplaisir, grâce au métier de ses auteurs mais ne parvient jamais à plonger l'auditeur dans cet état d'abandon, de contrition recherché. Sans âme, le menu défile, l'électro-encéphalogramme désespérément plat. Que la beauté ankylosée du Uk Doom semble loin... Cet essai séminal n'est pas honteux, seulement quelconque, triste copie d'un genre qui réussissait à porter la mélancolie suicidaire au rang d'art. (Music Waves 2013)



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