Hordes

vendredi 22 novembre 2013

Chronique : Lustre - A Spark Of Times Of Old (2013)



Nachtzeit, l’unique membre de Lustre, pond des albums comme d’autres vont aux chiottes, mu par un besoin frénétique d’éjaculer son art pourtant de moins en moins fécond et inspiré. En pilotage automatique, l’homme a pourtant ses turiféraires qui aiment à voir en lui l’héritier de Varg Vikernes lorsqu’il croupissait derrière les barreaux de sa cellule. Si à l’aube de sa carrière, ce Black Metal où les racines Ambient font plus qu’affleurer à la surface, n’était pas sans un certain charme, quelques années plus tard, il n’en reste que des nappes vides, récurées de tout intérêt à force d’être répétées jusqu’à l’indigestion par un musicien solitaire incapable de se renouveler.  Ses défenseurs argueront qu’il possède une identité affirmée faisant de lui un artiste, signature en réalité immuable aux qualités très exagérées. Se laissant aller à la facilité, le Suédois a néanmoins du talent, capable de déboucher sur des moments de beauté pure, d’une emphase frissonnante. Davantage que Wonder, son nouvel effort qui ne fait que révéler le tarissement de cette sève, A Spark Of Times Of Old qui sort presque simultanément, témoigne lui de ce feu bouillonnant (encore parfois) sous cette glace à la surface morne. Petite chose de 20 minutes à peine, ce qui n’est donc qu’un EP possède la particularité de  n’être composé que d’une seule et unique piste éponyme. Sans surprise mais non sans réussite, celle-ci déroule la trame tranquille et synthétique dont le bonhomme ne se départira sans doute jamais. Mais il l’étire jusqu’au paroxysme de la langueur hivernale. Aux nappes de claviers ourlées d’atmosphères évanescentes viennent se greffer des hurlements perçant la nuit. Répétitif, « A Spark Of Times Of Old » finit par anesthésier celui qui décide de se laisser happer par son souffle lancinant, rêverie spectrale qui confine à une forme de transe prisonnière d’une couche de givre. C’est de cette dilatation infinie que le titre tire son pouvoir hypnotique, sans laquelle il ne serait qu’une pièce supplémentaire de cet Ambient Black Metal paresseux aux évidentes limites. Reste que Lustre serait peut-être inspiré de freiner sa productivité. Plus espacés, ses albums y gagneraient très certainement un intérêt qu’ils ne présentent plus que de manière inégale, comme l’illustrent la sortie conjointe de Wonder et de A Spark Of Times Of Old… (La Horde Noire 2013)




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