Nachtzeit, l’unique membre de Lustre, pond des albums
comme d’autres vont aux chiottes, mu par un besoin frénétique d’éjaculer son
art pourtant de moins en moins fécond et inspiré. En pilotage automatique,
l’homme a pourtant ses turiféraires qui aiment à voir en lui l’héritier de Varg
Vikernes lorsqu’il croupissait derrière les barreaux de sa cellule. Si à l’aube
de sa carrière, ce Black Metal où les racines Ambient font plus qu’affleurer à
la surface, n’était pas sans un certain charme, quelques années plus tard, il
n’en reste que des nappes vides, récurées de tout intérêt à force d’être
répétées jusqu’à l’indigestion par un musicien solitaire incapable de se
renouveler. Ses défenseurs argueront
qu’il possède une identité affirmée faisant de lui un artiste, signature en
réalité immuable aux qualités très exagérées. Se laissant aller à la facilité,
le Suédois a néanmoins du talent, capable de déboucher sur des moments de
beauté pure, d’une emphase frissonnante. Davantage que Wonder, son nouvel
effort qui ne fait que révéler le tarissement de cette sève, A Spark Of Times
Of Old qui sort presque simultanément, témoigne lui de ce feu bouillonnant
(encore parfois) sous cette glace à la surface morne. Petite chose de 20
minutes à peine, ce qui n’est donc qu’un EP possède la particularité de n’être composé que d’une seule et unique
piste éponyme. Sans surprise mais non sans réussite, celle-ci déroule la trame
tranquille et synthétique dont le bonhomme ne se départira sans doute jamais.
Mais il l’étire jusqu’au paroxysme de la langueur hivernale. Aux nappes de
claviers ourlées d’atmosphères évanescentes viennent se greffer des hurlements
perçant la nuit. Répétitif, « A Spark Of Times Of Old » finit par
anesthésier celui qui décide de se laisser happer par son souffle lancinant,
rêverie spectrale qui confine à une forme de transe prisonnière d’une couche de
givre. C’est de cette dilatation infinie que le titre tire son pouvoir
hypnotique, sans laquelle il ne serait qu’une pièce supplémentaire de cet Ambient
Black Metal paresseux aux évidentes limites. Reste que Lustre serait peut-être
inspiré de freiner sa productivité. Plus espacés, ses albums y gagneraient très
certainement un intérêt qu’ils ne présentent plus que de manière inégale, comme
l’illustrent la sortie conjointe de Wonder et de A Spark Of Times Of Old… (La Horde Noire 2013)
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