Hordes

lundi 2 décembre 2013

Chronique : Hell - Obedience (2013)

 


Petite verrue d'une (trop) petite dizaine de minutes peut-être, Obédience n'est pas pour autant à négliger et ce, pour au moins deux raisons. D'une part parce que cette demo tape limitée à 33 exemplaires se veut le premier signe de vie, ou plutôt de mort, de Hell, créature obscure tapie dans l'underground hexagonal dont nous étions sans nouvelle depuis six ans déjà et une seconde démo de bonne mémoire, que précédait de peu une sainte alliance avec Dyster. Le projet de Crystallis (Alcoholichrist) se remet branle, espérons que ce ne soit pas pour aller roupiller de nouveau ensuite... D'autre part, et c'est peut-être l'essentiel, car on tient dans ces quatre cartouches éjaculées avec la frénésie d'un puceau, quatre gemmes noirs qui exaltent la puissance rampante d'un satanisme cradingue comme le sang menstruel. Ce qui frappe lors de leur pénétration est la capacité du lascar à tout résumer à en deux ou trois minutes au jus. Ce cadre extrêmement resserré loin d'en altérer l'inspiration et la richesse, confère à ces saillies une intensité malsaine et obsédante. Bref, en peu de temps, Hell en dit plus que beaucoup d'autres qui s'égarent en vaines arabesques. Rien de tout cela ici mais au contraire une tension ramassée qui vibre, débordant d'une semence impie. Fidèle à un art noir cru et dépouillé, garanti 100% sans OGM, Obédience est irrigué par un feeling gangréneux au goût de rouille qui doit beaucoup à ces riffs pollués qui ne filent jamais droit, raclent la peau, tournoient vicieusement comme lors du titre éponyme dont la seconde partie creuse de profonds sillon dans le cerveau pour vous hanter longtemps après l'écoute achevée. En dépit de leur courte durée, ces crachats ne passent jamais vraiment la seconde, préférant à la vélocité la pesante perversité d'un tempo lancinant. "Submersive Emotion" et "Holy Shit ont ainsi quelque chose de lourdes lames de rasoir qui vrillent l'âme, entêtantes et sinistres perforations qui laissent un goût de stupre dans la bouche. Alors, dix (trop) petites minutes peut-être - on en aurait bien pris davantage dans la gueule -, mais voilà un charnier qui vaut bien des albums longue durée car à sous la vitrine primitive et evil perce une science du riffing vicieux et des ambiances de moisissures rocailleuses. (La Horde Noire 2013)


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