Hordes

vendredi 3 janvier 2014

Chronique : The Floating World - The Wood Beyond The World (2013)




Au départ projet solitaire de la seule Amanda Votta, The Floating World est vraiment devenu une entité singulière en cela qu'elle n'appartient qu'à sa créatrice. Maladroitement rattaché à l'Ambient, son art transcende les codes du genre dont il conserve toutefois l'hermétisme douloureux et la désincarnée beauté. Si le fait d'avoir rejoint la famille Cyclic Law avec "The Apparition" lui a permis de gagner en lisibilité, le travail de l'américaine n'a rien perdu de sa fascinante expression sonore, à la fois contemplative et funèbre, envoûtante et squelettique. Bien que tirant son inspiration d'un roman de William Morris, "The Wood Beyond The World" se veut d'un point de vue strictement musical, la parfaite incarnation du concept dual qui fonde The Floating World, terme anglais désignant l'Ukyo qui décrit le mode de vie urbain japonais de l'époque d'Edo et plus particulièrement tout ce qui se rattache à la recherche des plaisirs. Mais le nom du projet se pare aussi de connotations empruntées au bouddhisme, signifiant la nature transitoire de la vie humaine. Notes de flûtes fantomatiques, guitare Drone granuleuse et mélopées lointaines résonnant comme un écho funèbre fusionnent en un magma  d'une beauté bourdonnante parfois ('To Lay Flowers At His Feet') mais étrange toujours. A ses pinceaux entre les mains de la jeune femme viennent cette fois se greffer les interventions de plusieurs invités tels que Neddal Ayad (avec lequel Amanda partage un autre projet nommé Secrets To The Sea) dont la guitare aux éruptions intimistes irriguent 'Where You Wait' et surtout 'As Ghost Are Said To Do', complainte terminale en forme de respiration au pouls mélancolique, Grey Malkin (piano, percussions...) et Roy K. Felps qui vient poser quelques notes acoustiques hantées le temps du perturbant 'Stars And Gleaming Leaves'. Les trois musiciens confèrent à la palette sombrement méditative de la belle des nuances pulsatives. Pour autant, de là à dire que "The Wood Beyond The World" s'avère plus accessible que ses aînés, il y a bien entendu un pas que nous n'oserons pas franchir car ces touches additionnelles se révèlent davantage proche de maigres balises que de fondations, fugaces signaux maintenant l'auditeur dans un état encore proche de la vie. Pour combien de temps ?  De fait, c'est une oeuvre épurée plus que jamais aride et insaisissable que nous offre The Floating World qui sonne comme un voyage transcendantal dont on ne retient tout d'abord pas grand chose, si ce n'est ces effluves désincarnées et monotones perçant la nuit mais qui peu à peu étend un climat fascinant. Bref, c'est soporifique comme un dimanche de pluie pour 99% de la population mais d'une grande puissance évocatrice pour les autres. (Music Waves 2013)

Genre Dark Ambient
Label Cyclic Law
Durée 55:00



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