Un jour. Oui, il faudra bien un jour reconnaître le
talent de Alex Beyrodt, autrefois faire-valoir qui besognait dans l’ombre de
Mats Sinner, avec lequel il s’est réconcilié comme le prouve la participation
de ce dernier à ce side-project, aujourd’hui l’un des meilleurs guitaristes du
circuit grâce au sous-estimé Silent Force. Sauf que personne ne semble le
savoir ! Il faut dire à sa décharge que le heavy metal teinté d’influences
néo-classiques qu’il se plaît à lutiner n’a plus vraiment le vent en poupe désormais.
Les choses changeront peut-être avec ce premier essai en solo qui est une
manière de démonstration pour l’Allemand qui n’a clairement (plus) rien à
envier à Yngwie Malmsteen en terme d’exécution. Mieux, contrairement à ce
dernier qui n’en a plus enfantées depuis bien longtemps, lui sait composer de
vraies chansons. Et si de prime abord, on pense forcément au Bibendum suédois à
l’écoute de Voodoo Circle, c’est pourtant le maître spirituel de ces deux
musiciens qu’il faut évoquer afin d’identifier l’influence principale de cette
galette, à savoir le grand Ritchie Blackmore. Beyrodt est un fan et cela
s’entend. Ce gars transpire le Deep Purple (un peu) et le Rainbow (surtout) par
toutes les notes de sa Fender (tiens tiens). Alors, bien sûr, ces branlettes de
manche, ces éruptions (« Kingdom Of The Blind », l’instrumental
« White Lady Requiem »)
renvoient évidemment à Malmsteen tout comme l’intro au cithare de
« Enter My World Of Darkness »
mais à l’arrivée, c’est bien de l’esprit du ménestrel dont se nourrissent
ces morceaux. Et la présence en invité de Doogie White, sur l’épique
« Dream Of Eden », dernier chanteur historique de l’Arc-en-Ciel,
avant de rejoindre d’ailleurs le groupe de Yngwie, le temps de deux opus (un
exploit !), est un signe qui ne trompe pas. Il y a donc dans cet album
beaucoup de Stranger In Us All, testament du groupe de Blackmore injustement
sous-estimé par des wagons entiers de pisse-copies qui se sont visiblement un
peu trop astiquer le chibre. Et cette descente de manche qui ouvre l’accrocheur
« Man And Machine », ça ne vous dit rien ? Si, le
« Difficult To Cure » de qui vous savez bien sûr, tandis que
« We’ll Never Learn » se veut un parfait mélange de l’Homme en noir
et du Suédois. Entouré, sans compter les guests tels que Rudy Sarzo, d’un
line-up solide où l’on retrouve un David Readman (chant) que, honnêtement, je
ne croyait pas aussi bon ou l’ancien batteur de Simple Minds et de Gary Moore,
le guitariste se déchire aussi bien en terme d’écriture que d’interprétation.
et livre treize compositions (dont deux bonus) absolument imparables. Rien,
absolument rien à jeter, de l’inaugural « Sweping Lies » au sombre
« Master Of Illusion », de l’énorme « Kingdom Of The
Blind » à « Angels Will Cry ». Alors, bien entendu, les
mauvaises langues se pinceront le nez à l’écoute de ce qu’ils jugeront être
d’un autre temps, argueront que Voodoo Circle n’invente rien (mais après tout,
est-ce le but ?) et s’interrogeront sur la pertinence pour un artiste de
mener de front deux groupes à l’identité musicale assez proche. Pourtant, à
bien y regarder, cet essai n’aurait jamais pu être publié sous l’étiquette
Silent Force car il est vierge notamment de ces nombreux emprunts à Judas
Priest ou cette touche plus américaine qu’apporte DC Cooper dans ce dernier.
Flamboyant sans être pompeux, Voodoo Circle s’impose comme le meilleur opus
dans le genre de l’année 2008, bien supérieur en tout cas au Perpetual Flame de
Malmsteen, aussi bon soit-il. (cT08)
Hard Rock | 58:43 | AFM Records | FB
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