Max Cavalera est-il un musicien qui souffre ( ?)
de priapisme ? On aurait pu penser que sa semence épaisse avait versé sa
dernière goutte avant une pause bien méritée suite à la fondation de son
nouveau projet, Cavalera Conspiracy lequel, cette année lui a permit de rejouer
avec son frangin, Iggor, balayant d’un coup une bonne décennie de guerre plus
que larvée entre les deux Brésiliens. Et bien non, l’homme dresse déjà une
belle érection quelques mois à peine après un Inflikted de bonne mémoire. On
aurait pu penser également que cette boulimie de travail aurait pu être
préjudiciable à la qualité de ce sixième opus de Soulfy, le premier depuis
trois ans. Certains titres un peu faibles, notamment l’instrumental terminal
obligatoire, d’une banalité insupportable, témoignent tout de même de cette
précipitation. Pour autant, Max livre à nouveau avec Conquer un très bon album,
enregistré à la fois à Miami, au Caire et à Saint Etienne ( !), qui
confirme le regain de brutalité que son prédécesseur, Dark Ages, affichait. Une
preuve ? « Blood Fire War Hate », terrible déflagration
d’ouverture qui voit David Vincent vociférer comme il se doit, clin d’œil au
début de Sepultura quand celui-ci partageait avec Morbid Angel une fanbase
identique. « Unleashed » et « Paranoia », éclairés par des
soli magnifiques de Marc Rizzo, plus guitar-hero que jamais sont comme des
panzers en pleine invasion de la Pologne : ils écrasent tout sur leur
passage. « Warmageddon » débute
par une longue intro d’une lourdeur implacable avant de se transformer en missile SS20,
emporté par une rapidité épidermique qui exsude une urgence quasi punk, à
l’image des cependant moins convaincants « Enemy Ghost » et
« Rough ». Mais c’est durant sa dernière partie que Conquer bande le plus
fermement. Tout d’abord grâce à la saillie
« Fall Of The Cycophants », brûlot thrash organique qui
s’achève avec ses touches orientales et dub que Cavalera affectionne tant et
qui colorent l’ensemble de ces dernières pistes. Ensuite avec
« Doom » qui défouraille sévère avant de s’élever très haut propulsé
par la guitare virtuose de Rizzo et par des teintes reggaes timides étonnantes.
Puis surgit « For Those About To Rot », allusion évident à AC/DC,
tendu et rugueux que termine une mélodie orientale du plus bel effet. C’est
enfin le superbe « Touching The Void », hommage lancinant à Black
Sabbath particulièrement réussi qui entraîne Soulfy aux confins du doom le plus
abyssal. Terrifiant. Dommage que
l’écoute s’éteigne avec l’insipide bien que plaisant « Soulfy VI »,
très en deçà de ses aînés. Les fans du groupe seront donc rassurés :
malgré Cavalera Conspiracy, Soulfly n’est pas encore bon pour le grenier. Sans
doute pas le meilleur jet du groupe, mais incontestablement un très bon cru. A
noter que l’édition limitée, engoncée dans un beau packaging, vous offre trois
bonus dispensables extraits des sessions des précédents opus et surtout un DVD
live capturé en 2004. (cT08)
Metal | 57:10 | Roadrunner Records | FB
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