Cela faisait longtemps que nous n’avions plus eu de
nouvelles discographiques de Stille Volk. Depuis 2003 en fait et sa quatrième
offrande, Maudat ; depuis 2005 si l’on compte l’album de Hantaoma,
Malombra, le projet de black metal païen des têtes pensantes Lafforgue et
Rocques. C’est donc avec plaisir que l’on accueille aujourd’hui la sortie de
Nueit de sabbat. On n’en voudra pas trop à Holy Records de vouloir surfer sur
la vague pagan metal en affichant bien haut cette étiquette pour promouvoir
cette cuvée. Après tout, le label a crû dans le duo depuis leurs débuts au
milieu des années 90 et celui-ci fut même une de ses premières signatures avec
Tristitia et Yearning (ah, toute une époque !). Ceci dit, Stille Volk fait
bien en effet du pagan metal. Mais attention, si vous êtes de ceux qui ne
voient dans le genre qu’une musique sautillante et guillerette où les grosses
guitares s’accouplent avec des instruments traditionnels, vous risquez d’être
déçu si vous ne connaissez pas déjà l’art du groupe. Car, certes, le duo aligne
comme des pinces à linge sur un fil certains invariants du folk metal, tels que
le recours à tout un arsenal d’instruments anciens (guimbarde, luth, mandoline,
percussions, vielle à roue…) et une inspiration tant musicale que textuelle qui
s’abreuve à la source du folklore et des légendes. Mais ce vétéran d’un mouvement désormais à la mode
(faut-il s’en réjouir ?) développe une vision pure et intégriste du genre,
qui passe par l’absence de guitares électriques (sauf sur le bizarre Ex-Uvies)
ou de batterie et par l’utilisation de la langue d’occitane. De plus il pare
son art d’une noirceur palpable, presque inquiétante (les superbes « Forêt
d’outre-tombe », « Egérie nocturne »). Le visuel,
particulièrement réussi, participe aussi de cette aura aux confins du
fantastique. Recueil de onze ritournelles, Nueit de sabbat convoque les esprits
qui peuplaient jadis les forêts, fait revivre une époque sombre où les hommes
croyaient encore aux divinités des bois, de la nature. Stille Volk nous convie
à un banquet afin de festoyer à la manière médiévale, de faire bombance à
travers nourriture, alcool, orgie et jeux barbares (« Banquet »,
« Ivresse des dieux »…). Le groupe nous plonge dans le folklore
pyrénéen avec son savoir-faire et sa réussite habituels, en une danse sacrée et
païenne qui envoûte et intrigue. Néanmoins, cet album se veut nettement moins
sombre, moins étrange également, que son prédécesseur, Maudat. Il s’impose même
sans doute comme l’œuvre la plus mélodique, la plus accessible, musicalement
parlant, du tandem qui, se faisant, vient d’accoucher de ce qui restera comme
la pierre (philosophale) angulaire de sa carrière, grâce à ces petits bijoux
d’écriture que sont les magnifiques « La danse de la corne »,
« Joglar », « Gaste flamme » et « Nueit de
sabbat ». Stille Volk demeure donc résolument à part au sein de la scène
folk metal, fort de cette identité singulière qu’il est le seul à posséder.
Unique comme toujours. (cT09)
Medieval Celtic Folk | 59:35 | Holy Records | FB
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