Sin Nanna devrait peut-être aller chez son pharmacien
pour se voir prescrire plusieurs boîte de dragées Fucca ; il en a bien
besoin, le pauvre. En effet, l’homme est malade, il souffre de diarrhées
créatrices frénétiques. Résultat ? De la musique sort continuellement de
tous ses orifices, abreuvant toujours davantage votre disquaire favori.
Succédant à Automnal Melancholy publié un peu plus tôt dans l’année (sans
compter le Pentemple, véhicule live éphémère de Sunn O))) auquel il a
participé), The Foreboding Silence en témoigne. Et plus que jamais, Striborg
est une question de foi plus que de raison qui fait que les réfractaires à son
art ne risquent pas cette fois encore de voir leur avis changer à son endroit
tandis que ceux qui suivent le misanthrope de Tasmanie depuis ses débuts y
trouveront à nouveau matière à alimenter le culte qu’ils lui vouent, du reste
sans doute un peu exagérément. Sans surprise, cette énième offrande s’inscrit
dans la droite lignée de ses aînés. C’est toujours produit avec des moufles ;
c’est pollué comme d’habitude par une brochette de courts instants
instrumentaux - on en compte six cette
fois-ci, sur onze morceaux ! - qui tiennent plus lieu de remplissage que
d’autre chose ; c’est du black ambiant, lancinant, répétitif jusqu’à l’écœurement,
dépressif comme c’est pas permis avec ces gargouillis en guise de lignes
vocales et ces complaintes souvent interminables. On trouvera ça chiant à
mourir ou envoûtant, c’est selon. La vérité se situe sans doute quelque part
entre les deux. Pourtant, Sin Nanna, s’il demeure donc fidèle à une forme
d’écriture de laquelle il ne se détachera sans doute jamais vraiment, tente un
tout petit peu de se renouveler. Cette évolution timide passe par un visuel,
stylisé, plus original qu’à l’accoutumée ainsi que par une tentative de briser
quelque peu la routine en accélérant le tempo comme sur « Weeping
Abandoned Spirit ». Les teintes psychédéliques colorant « Interval
II » tout comme l’aspect narratif façon bande originale de film du troisième
interlude participent aussi de ces (très) légères nouveautés. Sinon, le chemin
est balisé. The Foreboding Silence résonne comme un écho lointain, tellement
lointain que l’on a l’impression d’être happé dans une autre dimension baignant
dans un halo brumeux aux portes de l’étrange. Un (bon) album de plus donc, ni
meilleur ni moins bon que ses prédécesseurs, quand bien même il semble avoir
été enfanté rapidement, limite bâclé, comme le démontre les deux titres de 2003
(« Intro II » et « My Journey Through The Hills And Paddocks »)
agglomérés à l’ensemble, lesquels auraient tout aussi bien pu avoir été gravés
il y a quelques mois tant ils se fondent avec aisance dans le reste du menu.
(cT08)
Depressive Black Metal | 43:56 | Displeased Records
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