Quelqu'un qui découvrirait The Golden Grass sans qu'on lui ait livré des informations à son propos croirait être tombé sur une antique relique venant tout juste d'être exhumée. Les indices ne manquent pas, confirmant cette certitude. Power-trio au look rétro, premier album qui ne dépasse que de peu la demi heure pour coller au format vinyle, patine sonore chaleureuse, visuel coloré... Ca c'est pour la forme. Le fond est à l'avenant, rock soyeux biberonné aux deux sacro saintes mamelles : psychédélisme et progressif. Bref, tout semble indiquer effectivement soit la découverte archéologique soit le retour d'une formation oubliée. Le disque et le groupe ne sont pourtant ni l'un ni l'autre. Contre tout attente, The Golden Grass est encore une jeune pousse dont les membres doivent croire que la musique s'est arrêtée il y a quarante ans. D'aucuns jugeront tout cela encore une fois nostalgique sinon franchement anachronique. Pas faux. Mais il est aussi - et surtout - permis d'éprouver un sincère plaisir à écouter ce genre de voyage dans le temps, d'autant plus quand celui-ci est savoureux. C'est bien entendu le cas de ce galop d'essai à la classe insolente. L'une des principales qualités du trio tient à son attitude entière qui le voit ne s'imposer aucune limite dans son entreprise commémorative. Les Américains vont même jusqu'à poser un solo de batterie délicat et d'un autre âge qui anime la dernière partie de ce qui demeure l'épicentre de l'album, ce 'Wheel' de près de 13 minutes au compteur, orgasme du feu de dieu dont une bonne moitié est instrumentale. Et c'est pour ça qu'on aime The Golden Grass, groupe à l'incroyable maturité et dont l'opus éponyme est véritable orgie sonore dégueulant de feeling et de charme. Etonnamment et à l'exception de cette longue exploration, le menu s'arc-boute autour de titres au format plus ramassé. Ce qui bien sûr ne les empêche pas d'avoir des allures de rampe de lancement vers les étoiles, théâtres passionnés de joutes jubilatoires entre les trois musiciens au jeu aussi délicat que précis ('Stuck On The Mountain') bien que parfois assez dur - tout proportion gardée - à l'image de 'Sugar N' Spice' zébré de griffes de guitare nerveuses. Jazzy, funky et groovy, tels les sont les caractères de ces compositions qu'irriguent des lignes mélodiques extrêmement fortes qui procurent des frissons. Magique et miraculeux, "The Golden Grass" est une oeuvre rafraichissante au bon goût salvateur. (cT14)
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