L'une des principales qualités de Nadja,
cette boulimie frénétique, est aussi son défaut le plus reproché. Ces deux
Canadiens pondent des rondelles comme d'autres vont aux chiottes lorsqu'ils ont
la colique. De fait, à force de vomir de la musique au kilomètre, nombreux sont
ceux qui commencent à se lasser. D'autant plus que rien ne ressemble plus à un
album de Nadja qu'un autre album de Nadja ! Heureusement, il y en a encore pour
acheter aveuglément (ou presque) tout ce que le tandem usine plusieurs fois par
an. Ainsi, ce split avec Black Boned Angel fait partie des sept créations à
mettre déjà à son actif pour la seule année 2009. Et ce n'est certainement pas
fini... Mais Nadja sait choisir ses partenaires. Les collaborations avec
Atavist, A Storm Of Light le prouvent. Celle avec le trio néo-zélandais,
également. Et encore un fois, parler de split semble éronné car il s'agit
davantage de fusion de deux entités au départ distinctes que de la simple
addition de titres indépendants les uns des autres. En deux segments d'environ
25 minutes chacun qui s'enchainent l'un à l'autre en un fondu envoûtant, Nadja
et Black Boned Angel gravent une bande-son monstrueuse en tout point conforme à
ce que leur réunion laissait espérer. Il s'agit d'un magma rouillé aux confins
de l'ambiant et des convulsions industrielles qui répand sa gangrène sonore à
grand coups de guitares drone et de bruitages aussi effrayants qu'hypnotiques.
Si la première partie est une masse tellurique grondante et organique, secousse
provoquée par la rencontre de ces deux plaques tectoniques, la seconde quant à
elle a la consistance d'une plainte squelettique, d'une murmure fantomatique
qui semble provenir de très loin, interminable montée en puissance qui porte
l'évidente signature du couple canadien. Pulsation mutante en forme de vagues
lancinantes, elle se transforme peu à peu en un rouleau d'effets drone qui
vient se fracasser contre des falaises noires et granitiques. Vide de sens et
franchement vain pour 99% de la population mondiale mais immensément beau pour
la minorité silencieuse restante qui se laissera emporter avec une délectation
masochiste dans cette transe contemplative qui, forcément, se ressent plus
qu'elle n'écoute. (cT09)
Drone | 49:42 | 20 Buck Spin
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