Hordes

dimanche 6 octobre 2013

Chronique : Altar Of Oblivion - Salvation (2012)



Une croix celtique qui se détâche d'un ciel nuageux en un triste noir et blanc : ce qu'il y a de chouette avec un disque tel que Salvation, c'est qu'il ne saurait y avoir tromperie sur la marchandise. Le Doom coule dans les veines d'Altar Of Oblivion, inscrit tels de profonds stigmates dans la chair de ces Danois qui n'aiment rien moins que prendre leur temps entre deux nouvelles offrandes. (Déjà) Trois ans après Sinews Of Anguish, première oeuvre remarquée, le groupe sort (enfin) de sa tranchée, non pas pour en livrer le vrai successeur, cependant annoncé pour les prochains mois, mais un simple EP. Le genre étant ce qu'il est, nous avons là entre les oreilles tout de même une bonne trentaine de minutes de musique, durée dont certains se contenteraient facilement pour un album. Ces cinq titres, dont un court instrumental en guise de dernier clou du cerceuil ("As We Perich", squelettique), portent l'incontestable signature de cette formation à la personnalité bien marquée, quand bien même elle se fait fort de respecter le credo de cette véritable religion de la douleur. C'est donc avec plaisir que le chant empreint de solennité de Mik Mentor nous entraîne à nouveau dans une tragédie ("Salvation" aux lignes vocales d'une dramatique majesté), prêtre charismatique délivrant de mélancoliques invocations, tandis que Martin Meyer Mendelssohn et Allan Larsen érigent une cathédrale de souffrance dont les piliers sont ces riffs d'une gravité austère et minérale. Abandonnant le concept épique et guerrier, Altar Of Oblivion drape son Doom d'un suaire d'une forte couleur religieuse, comme le suggèrent les atours et le nom qu'affiche cette ostie. Minés par un désespoir infini, ces morceaux sont, comme toujours avec les Danois, conçus à la manière d'un travail d'orfèvre, d'une pesanteur sismique sans renier des racines Heavy Metal qui leur confèrent une dynamique puissante, à l'image de "The Narrow Gates Of Emptiness" aux motifs épiques ou bien encore "Believers In The Mist", qu'irriguent ces guitares froides comme la pierre et porteuses d'une faute que l'on ne peut pardonner. EP peut-être, encore que ce format ne soit pas sans amateurs, Salvation vaut bien des albums longue durée car il sculpte dans la croix un Doom lyrique et noble de belle facture. (880)



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