Ceux qui attendaient sans doute de la part de Planet
Muscaria ce True Black sinistre que la chapelle portugaise dégueule avec
largesse, en seront pour leur frais tant Angrenost ne noue guère avec cette
scène qu'une même origine géographique ainsi que cette noirceur malsaine
identique. Le fait que le dit méfait voit la nuit grâce à Code666 aurait dû de
toute façon nous alerter quant à une direction musicale qui avait peu de chance
d'emprunter la sente lugubre de forêts hivernales, le label italien ayant
toujours privilégié la sophistication plutôt que la violence primitive, la modernité
plutôt que l'orthodoxie. Pourtant, le passé du Portugais à l'origine du projet
laissait espérer autre chose que cet art noir plus tortueux que torturé. Ainsi,
les plus anciens d'entre-vous se souviendront peut-être qu'Angrenost a ouvert
sa discographie en 1998 avec une démo, simplement baptisée Evil, plus classique
et restée lettre morte jusqu'à ce tardif premier album longue durée que nous
n'attendions plus vraiment. Entre les deux, la folie, la drogue, la violence,
ont entraîné Purson, le maître des lieux, aux bords de la destruction,
conduisant le groupe à une mort inéluctable. Jaillissant des limbes, Planet
Muscaria se nourrit de ce chaos, évidente catharsis pour le musicien qui décide
douze ans plus tard de ré-activer le groupe, secondé pour l'occasion par deux
autres membres, dont le guitariste Enobolico (Mother Of The Hydra). Entre overdose
et désintoxication, hôpitaux psychiatriques et séjours derrière les barreaux,
l'offrande est voulu comme une plongée dans la psyché humaine, dans les
profondeurs d'une âme malade, charriant tous les maux, toutes les immondices
dont l'Homme est capable. Cela aurait pu déboucher sur un grand disque : ce
n'est pas le cas. Non pas que celui-ci soit mauvais, bien au contraire, mais
pollué par des nappes de claviers par trop envahissantes
("SchizOphObOs") et englué dans un canevas souvent inutilement long,
sa fielleuse intensité s'effrite trop vite, laissant l'auditeur au bord de ce
précipice d'où émanent laideur et haine, sans jamais vraiment réussir à
l'attirer, à l'avaler comme il aurait dû le faire. Du coup, malgré les voix
noyées sous les effets, seringues inoculant un funeste poison et des
atmosphères véritablement maladives comme l'illustrent "AcIdShIVa" ou
"INTraVeNUS", le menu pèche par excès. A trop vouloir en faire, à
trop vouloir en dire, Angrenost s'égare, régurgitant un pandémonium sans âme,
aussi interminable que morne. Tout cela est pourtant très bien fait et ne
saurait guère susciter la moindre réserve sur ce point, il y a des moments qui
suintent la folie, la mort, un malaise palpable mais trop fugaces, ceux sont
dilués dans ces couloirs aux allures de labyrinthe, corridors néanmoins
oppressants bien que trop avares de la mortification annoncée. Mais les
masochistes, adorateurs d'un Black froid et moderne aux tubulures complexes, y
trouveront très certainement matière à picorer des miettes voire même pour les plus
indulgents à épancher leur soif de trips sonores. (La Horde Noire 2013)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire