Si à partir de la fin des années 80 et l’album
In=Trance en 1988, Klaus Schulze entre dans une phase de déclin artistique qui
voit son inspiration en berne et enchaîner malgré tout à un rythme frénétique
des opus pas toujours très convaincants (Beyond Recall en 1991) et des lives
ennuyeux (Das Wagner Desaster par exemple), dès 1995 avec le fabuleux In Blue
qui marquait en outre ses retrouvailles avec son vieil ami Manuel Göttsching,
il semble retrouver brusquement l’entière plénitude de ses moyens. Il entre
alors dans une nouvelle phase créatrice qui le voit renouveler considérablement
un travail en parfaite osmose avec son temps, témoin le monumental live Dosburg
Online. De plus en plus productif, même après trente ans de carrière au
compteur, il grave à l’aune des années 2000 les dix albums de la série
Contemporay Works I, œuvre gigantesque et matricielle de l’évolution future de
ses recherches sonores. Capturé lors du KlangArt festival le 9 juin 2001, ce
nouveau live s’inscrit donc dans ce contexte foisonnant. Uniquement secondé par
le violoncelliste Wolfgang Tiepold, un fidèle du maître qui le croise très
souvent depuis la fin des seventies, Klaus Schulze live une performance
absolument monstrueuse. Dans la continuité des quatre Ballett, il déroule tout du
long une trame hypnotique qui vous transporte très loin vers l’Absolu. Autant
Dosburg Online tissait une toile aux confins de la trance et de la techno la
plus débridée, autant ce Live @ KlangArt étend un tapis électronique et
atmosphérique propice à la contemplation qui lui permet de chatouiller le
divin. Rarement, l’Allemand aura autant accéder à une telle pureté, à une telle
beauté envoûtante et ce faisant, à une telle décharge émotionnelle. Au
programme une double ration (comme souvent très souvent avec lui) pour plus de
deux heures et demi de musique en dix plages. Six d’entre elles sont tirées du
concert tandis que « I Loop You Schwindelig » est une longue pièce
chaloupée enregistrée en studio au début de l’année 2001. Agglomérés à l’ensemble,
on trouve enfin deux bonus datant de 2000 (« Short Romance ») et 2007
(« OS 9.07 »), réunis dans le cadre de cette réédition. Inutile de
préciser que ces trois pistes se fondent admirablement dans le paysage planant
et aérien qu’a dessiné la prestation d’un Klaus alors particulièrement en forme
ce soir là. Tous les amoureux de ses proliférations de sons électroniques
trouveront donc là matière à cultiver leur passion pour l’un des artistes
majeurs du Xxe siècle. On frôle même l’orgasme durant les superbes « Loops
To Groove » et « La Fugue Sequenca » qui revisite son passé où
Schulze tricote une toile qui confine à la transe hypnotique. Mon Dieu, quel
musicien ! On peut vraiment parler à son endroit de génie pur et simple,
terme pourtant souvent galvaudé mais qui lui sied néanmoins à la
perfection ! (cT09)
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