Hordes

vendredi 23 mai 2014

Krönik | Einsicht - Forensic The Mind Sprawler (2014)



Nous aurions bien aimé ne pouvoir dire que du bien de Forensic The Mind Sprawler, premier cri de haine de EINSICHT, horde qui a vu la nuit (plutôt que le jour) en 2009 à Belfort. Pour Spleen sa charismatique chanteuse et maîtresse des lieux tout d'abord, dont les vocalises possédées ont écorché la seconde ostie de MALEVOLENTIA. Pour l'univers vicieusement torturé ensuite que son très réussi visuel semble promettre, invite dérangeante à une plongée malsaine dans un Black Metal aussi bizarre et tordu que cathartique. Pour ces raisons, ce méfait séminal était attendu comme un messie noir. Ce qu'il n'est donc pas (tout à fait). Mais d'où viennent les grumeaux alors ? D'une part et c'est surprenant, des lignes vocales même de la chanteuse, qui repoussent autant qu'elles magnétisent, tour à tour hystérique et hallucinée, lorsqu'elle ne s'accouple pas avec l'organe du guitariste Sylla. D'autre part, à une écriture déglinguée et versatile qui accouche de compos que l'on a parfois du mal à suivre ("Borderline") sinon à aimer. Mais ce verbe est-il vraiment approprié dans le cas de EINSICHT ? Sans doute que non car c'est la détestation, la haine, autant de sentiments négatifs qui coulent dans les veines de ces titres aux ambiances maladives. Pourtant, il y a dans Forensic The Mind Sprawler quelque chose d'indéfinissable qui donne envie de passer outre ses faiblesses, des détails qui en augmentent la valeur ajoutée. Le jeu des musiciens n'y est déjà pas étranger, notamment celui du bassiste Arbaal, auteur de lignes obsédantes. Mentionnons aussi ces riffs d'une noirceur tranchante certes éprouvée mais toujours efficace (ce "Nothing" grandiose dans sa dimension morbide). Surtout, le groupe sait éjaculer avec largesse des atmosphères de décrépitude absolue, pandémonium vicieux d'images de cauchemars aux confins de la folie. L'album a quelque chose d'une dérive mortifère dans les couloirs d'un asile putride plongés dans un éclairage vacillant et stromboscopique. Enfin, s'impose une qualité de composition incontestable qui, si elle est inégale, reste à l'origine d'une poignée de très bons titres parmi lesquels on peut relever "Der Amoklaufer" aux relents Thrash, "Atrabile" d'une lancinance délicieusement lugubre, sans oublier "The Night Before" que laminent en lambeaux malsains, des guitares sales au goût  de rouille. Et au final, l'album, bloc de laideur trempé dans un stupre pollué, finit par faire son trou, qu'il creuse avec une vicieuse énergie. Il faut lui laisser le temps d'agir, d'imprimer son charme vénéneux, tapi au fond d'une ténébreuse intimité. (cT14)


Black Metal | 39:08 | Gaulhammer Production | FB




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