Hordes

lundi 29 septembre 2014

Krönik | Cepheide - De silence et de suie (2014)



Il existe bien une magie du Black Metal dans ce qu'il a de plus dépressif, celle d'arriver à capter (ou non) ce feeling crépusculaire noyé dans l'encre noire du désespoir, ressenti aux allures de Graal doloriste. Mais dans cette quête, les élus sont finalement peu nombreux. Toutefois, au milieu des palettes entières de pales misanthropes macérant dans leur spleen que le DSBM vomit chaque année, on arrive parfois à débusquer de vrais poètes de la douleur. CEPHEIDE est de ces rares spécimens. A quoi ces Parisiens dont [i]De silence et de suie[/i] est le premier signe de mort, doivent-ils ce sésame ? D'une part, comme nous l'avons signaler plus haut, à leur capacité à suinter un mal-être véritable et sincère, un mal-être presque noble dans son expression désespérée, loin, tellement loin de cette fausse mélancolie de caniveau pleurée par tous ces corbeaux sans émotion. Car de l'émotion, cette démo en sécrète, fluide cendreux coulant dans les artères de longues complaintes que mine une inexorabilité profonde comme un puits dont on ne peut distinguer le fond, sentiments pétrifiés, engourdis par une indicible désolation ("Là où les idoles demeurent"). A l'image de son visuel dépouillé, [i]De silence et de suie[/i] ouvre un monde avalé par la nuit, par les ténèbres grises d'une vie liquéfiée, ténèbres viciées qui s'abattent, s'écrasent et se resserrent tel un funeste étau. D'autre part, CEPHEIDE tire sa valeur d'une maîtrise technique évidente, là aussi, loin, tellement loin de ces médiocres cachant la vacuité de leur talent derrière l'alibi du minimalisme. Rien de cela chez ce groupe qui parvient à conjuguer prise de son d'une froideur racleuse et partition torrentielle ("A la croisée des âmes"). Ces quatre compos se nourrissent de cette dualité, pièces à la fois hypnotique et tortueuse, tumultueuses et atmosphériques, palpitant d'une énergie souterraine qui les rend constamment captivantes. Tout en respectant les Tables de la loi du genre, dont ces vocalises écorchées perçant la nuit, CEPHEIDE réussit déjà à faire oeuvre originale, à forger un art qui n'appartient qu'à lui, un art terriblement rocailleux qui se pare pourtant d'une dimension sacrée dans son évocation de l'Homme et de sa perte, le approchant d'une certaine manière des travaux de Gustave Doré. (cT2014)


Depressive Black Metal | 30:18 | Misandre Productions




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