Hordes

vendredi 24 octobre 2014

Krönik | Idre - S/T (2014)




Trio enraciné dans la terre de l'Oklahoma, Idre est une jeune formation bien difficile à cerner, gage de qualité s'il en est. Si le très beau visuel habillant son premier essai, d'une froideur automnale, semble annoncer - à juste titre - un art forcément mélancolique sinon atmosphérique, le groupe tricote en réalité une musique beaucoup plus riche qu'il n'y parait, éprise de liberté et d'absolu. Les rythmes sont terreux, pesants, le chant clair et profond quand il n'est pas carrément absent tandis que les guitares, à la fois rugueuses et voilées, aiment pourtant s'envoler très haut. On pense alors à un Post Metal noir et désenchanté, genre dont les Américains se réclament effectivement, citant Godspeed You ! Black Emperor, Neurosis ou Earth mais qu'il prend soin d'en perturber les invariants. Durées étirées à l'infini (26 minutes au jus pour le premier des deux titres), voix lointaines, presque éthérées et puissance tranquille, rentrée, définissent une expression déjà extrêmement personnelle, parfois plus proche de la bande originale de film que d'un banal disque de Rock. Expérimentales et ambitieuses, ces compositions se nourrissent de ces caractères, pulsations interminables (dans le bon sens du terme) aux allures de récits douloureux qui progressent  sans jamais vraiment s'emballer et ce malgré les segments successifs qui les forment. 'Factorie' est ainsi un véritable périple à lui tout seul qui ne démarre qu'au bout de six minutes et que peuplent des instants pétrifiés, moments de tristesse pure comme suspendus dans le temps. En dépit de sa longueur extrême, jamais l'ennui ne vient parasiter une écoute quasi religieuse. Contemplatif, le tempo reste immobile, freinant des tentatives d'accélérations vite avortées. Egrenées par des guitares squelettiques ou au bord de la rupture, les ambiances sont propices à l'isolement, charriant une solitude forestière. Passionnant tout du long, ce premier titre appelle de nombreuses immersions pour en déceler tous les trésors, souvent de nature instrumentale. Relativement plus court, il en va de même de 'Witch Trial', lequel s'ouvre sur une lente entame emportée par des rouleaux de batterie cependant qu'une guitare se tord de douleur. A mi parcours, la trame change, laissant le chant s'exprimer timidement pour une seconde partie qui semble aller nulle part, prisonnière d'une gangue de désespoir. Auteur d'un galop d'essai étonnant, Idre est une très belle découverte entre Post Metal et rock expérimental. (cT2014)


Post Rock | 39:57



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