Hordes

lundi 17 novembre 2014

Krönik | Charnia - Dageraad (2014)



Il est des albums dont on devine qu'ils laisseront d'épais résidus dans notre mémoire, qu'ils creuseront de profonds stigmates dans notre peau et ce, avant même d'en avoir écouté la moindre petite note. "Dageraad", premier effort de Charnia, est donc de ceux-ci. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons en fait. Pour l'origine géographique de ses auteurs, la Belgique, terre qui sonne comme la promesse d'un art froid et granitique, austère et minéral. Pour ConSouling qui est un label aussi rare que précieux aux productions exigeantes. Pour ce visuel d'une beauté étrange enfin. Voilà. Post-hardcore viscéral et émotionnel, "Dageraad" ne s'écoute pas seulement, il se vit, se ressent en cela qu'il remue les chairs. S'il ne s'affranchit pas (encore) de certaines invariants propres au genre, à commencer par ces lignes vocales intrabilleuses, l'âme de cet opus se niche dans les méandres de son intimité charbonneuse et instrumentale, laquelle explose forcément lors des 16 minutes que déroule le terminal titre éponyme', 16 minutes durant lesquelles le groupe démontre aussi sa science de la retenue, de la puissance larvée, du geyser retardé jusqu'à ses limites, un art presque silencieux d'une épure admirable. Ainsi, plus de la moitié du titre ne réside qu'en quelques notes minimalistes, poignée d'accords plus fantomatiques que squelettiques. Et alors qu'on le croit toute entière de cette veine contemplative, 'Dageraad' finit par durcir soudain le ton et les traits  à l'arrivée des percussions et surtout du chant tandis que les guitares se font ferrugineuses, charriant une tristesse sans fin avant de mourir peu à peu sur un sustain funèbre et pointilliste.  On retrouve cette même faculté à étirer quelques notes de longs instants comme suspendus au-dessus d'un puits, d'un gouffre aux mélancoliques émanations lors de 'Waeslandwolf' et plus encore 'Het Dodenhuis' dont l'épicentre, brumeuse et pétrifiée, révèle une bouleversante beauté. Avec ce premier essai austère et blafard, qu'aucune lumière ne parvient vraiment à pénétrer et dont on sent bien qu'il ne fait que dévoiler un potentiel encore prisonnier de sa gangue , Charnia réussit déjà à faire la différence, à se distinguer sinon à tirer son épingle du jeu, suffisamment du moins pour  hanter l'esprit longtemps après que son écoute se soit achevée. Pas très original peut-être mais pourtant détenteur d'un son, d'une manière d'explorer le genre qui laisse à penser que ces Belges ne sont pas qu'un groupe de plus mais bien davantage que cela... Une bonne, une très bonne découverte même. (cT2014)


Atmospheric Sludge | 39:11 | ConSouling Sounds





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...