Si autrefois composer de longues pistes de plus de trente minutes demeurait l'apanage de quelques explorateurs façon Klaus Schulze, aujourd'hui, le métal dit progressif n'a plus le monopole de cet exercice périlleux. Certains misanthropes du Funeral Doom ou du Black dépressif n'ont plus peur de pousser encore plus loin les records de durée. Cela n'étonne donc plus grand monde. Pourtant, s'il y a bien un groupe dont on n’aurait pas imaginé qu'il tenterait de se frotter à ce format, c'est bien le malfaisant Impiety. En provenance d'Extrême Orient (et de Singapour pour être précis), dont on sait quel degré de violence et de brutalité ses enfants peuvent atteindre, ces vilains nous ont plutôt habitué à régurgiter depuis vingt ans une bouillie noire d'où émergent quelques grumeaux Death et Thrash, le tout baignant dans des relents fétides de satanisme bas du plafond, plié et emballé en trois ou quatre minutes en moyenne. Shyaithan (Mohammed dans la vie de tous les jours), figure charismatique et dernier membre historique, qui a fait autour de lui le grand ménage de printemps, s'est dit, peut-être lassé de toujours concocter peu ou prou le même vomi depuis 1990, qu'il pourrait justement tenter autre chose. Mais écrire un long titre n'étant pas suffisant, le lascar a (re)pousser le vice de ne composer qu'un seul morceau de près de quarante minutes en guise de nouvel album ! Worshippers Of The Seventh Tyranny est le résultat de cette audacieuse entreprise. La forme a grandement déterminé le fond et la couleur de ce titre aux ambiances pesantes et mortifères, loin des déflagrations atomiques coutumières chez Impiety peu réputé pour sa finesse quand bien même sa musique a toujours été plus subtile et mélodique qu'il n'y parait. Et contre toute attente, les Singapouriens se tirent avec les honneurs de cette aventures O combien casse-gueule. S'il y aura bien quelques grincheux pour regretter l'agressivité jusque là de mise, il n'empêche que le groupe n'a pas encore besoin de Viagra pour tendre sa haine et sa négativité. Lent peut-être, quoique son entame et son dernier segment font plus que passer la cinquième, Worshippers Of The Seventh Tyranny déroule ses tentacules pétrifiées aux confins d'un Doom Death caverneux, fissuré d'éclairs pestilentiels. Après la boucherie du début, le rythme entame une décélération fiévreuse, long tunnel humide durant lequel Impiety libère une semence lourde, poisseuse et Evil. Alors que nous n'attendions plus forcément grand chose de sa part, si ce n'est la vicieuse barbarie habituelle,Impiety nous surprend agréablement et ce faisant signe ni plus ni moins que l'un de ses meilleurs albums à ce jour. Quel talent ! (cT11)
Black Metal | 38:32 | Agonia Records | FB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire