Pour reprendre une phrase de Yann Arthus-Bertrand, il est trop tard pour être pessimiste. La terre a mal mais il faut garder espoir. Et de l'espoir il y en a dans Music For The Planet, échappée rafraichissante qui fait tout simplement du bien, premier travail de Urihani, projet de deux artistes, Jeff Alcaras et Philippe Moreau. Entouré de divers chanteurs, homme ou femme, le duo rend hommage à notre planète, à sa beauté, à sa richesse et à celles des peuples qui sont ses hôtes. Pour cela, il esquisse un kaléidoscope d'ambiances, d'images sonores, instantanés dont le socle est une musique electro new age chaleureuse auquel se greffent selon les titres, divers sédiments. Oeuvre totale aussi bien dans son fond que dans sa forme (l'album est uniquement disponible en téléchargement et les rares exemplaires physiques sont habillés dans un packaging environnemental à base d'encre végétale, de vernis acrylique...), Music For The Planet a comme mérite de dépasser le simple gimmick écolo, piège dans lequel Urihani aurait pu tomber (ce qu'il ne fait donc jamais), pour au contaire graver une plastique à la valeur artistique incontestable. Le périple débute avec l'aérien et tribal "Lost Souls", magnifié par la voix bouleversante de Bahia Ouakssas. Plus trip-hop, "2 Late ?" est une petite merveille de rock hypnotique qu'illumine l'intervention de la chanteuse Emily Spiller, également présente sur deux autres compositions, tout aussi réussies : le planant "One Way To Move" aux arrangements généreux et le chaloupé "Some Of Them", qu'introduit un saxo séduisant. Emporté par les voix de soprano de Nathalie Leonoff (fabuleuse également sur "May Be") et Patrick Texier, "Over Me" surprend par son lyrisme par rapport au reste mais n'en demeure pas moins une des pièces les envoûtantes de l'album. Vierge de lignes vocales, "High Speed" et "Fragmentation" sont à quant à elles deux pulsations aux maillages synthétiques néanmoins guidées par un groove tripant tandis que "Uncertain Experiment" a quelque chose d'un voyage stratosphérique. Enfin, plus pop sont les deux chansons soulignées par la voix de Fred Caramia ("There inside" et "Another End"). Un disque d'une belle diversité, trop peut-être même, notamment en terme de tessiture vocales. Mais cette variété, qui est à l'image de celle de notre planète, ne nuit pourtant pas à la cohérence de l'ensemble. Une très jolie découverte. (cT09)
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