Si je vous dit Oaks Of Bethel, cela ne
vous dira probablement rien. En revanche, Njiqahdda, sans doute un peu plus,
quoique peut-être pas davantage car on parle là de projets à l'underground
chevillé aux instruments. A la barre de ces deux entités opaques et à la
créativité foisonnante, deux silhouettes, Ihr et Ain, aussi différentes et
complémentaires que peuvent l'être le Yin et le Yang. Si avec Njiqahdda, les
deux américains forgent un black metal en forme de magma bouillonnant souvent
proche de l'ambient cosmique et psychédélique, avec Oaks Of Bethel, auquel ils
viennent de donner naissance comme si les trois ou quatre opus par an (quand
ils n'ont pas pris de Viagra) qu'ils vidangent avec leur premier port d'attache
ne leur suffisaient pas, le paysage est pire ! Et donc encore plus réussi. Enfanté
il y a quelques mois seulement mais pourtant déjà pourvu de deux successeurs, The Folk And The Ground,
premier essai sous cette bannière, a quelque chose d'un voyage transcendantal
et ritualiste. Il se subdivise en deux longues plages d'un hermétisme absolu.
Parler de musique semble à leur endroit quasiment absurde : il ne s'agit là que
d'une bande son hypnotique dont on peine à saisir le sens et les contours. Sur
un substrat formé de martellement de batterie digne de la boîte à rythme
utilisée par Darkspace, un chant lointain aux accents shamaniques qui semble
provenir d'une caisse de résonance s'accouple avec des guitares drone échappées
quant à elles d'une quatrième dimension. Le tout débouche sur une trame
nébuleuse sans forme ni fil conducteur. Long de plus de dix huit minutes mais
qui pourrait très bien aussi s'étirer sur une durée plus interminable encore,
"The Folk And The Ground" est un monstre aux confins de l'indicible
qui grouillent de sonorités étranges et indescriptibles. Toutefois, des deux
pistes qui architecturent cette oeuvre, il reste le plus black metal des deux. En
effet, "Ghosts Of Fallen Winter Oaks", du haut de ses plus de 25
minutes, est une espèce de rock psychédélique complètement barré, à tel point
que l'on se dit que ces mecs ne doivent pas fumer que la moquette. Pourtant,
après cinq minutes de ces effluves bizarres et hallucinantes, le tempo
s'emporte, toujours avec cette batterie millimétrées mixée très en retrait. Le
chant se fait plus caverneux, plus menaçant encore mais comme son devancier, ce
titre se veut plus proche d'une bouillie sonore, parfois empreinte d'une beauté
vertigineuse comme lors de ses dernières mesures, où surnagent quelques (rares)
ingrédients connus de la race humaine que de musique au sens où le commun des
mortels la considère. Un trip à ne confier qu'aux plus aventureux d'entre vous,
sorte de croisement démentiel entre un machin noir et sulfureux et le Hawkwind
de l'âge d'or... Pour faire simple car The
Folk And The Ground, à l'instar des albums de Njiqahdda, ne s'apprivoise
que difficilement et se vit plus qu'il ne s'explique. Bref, un ovni à la
dimension franchement mystique. A découvrir.
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