Hordes

lundi 4 novembre 2013

Chronique : Architeuthis Rex - Dark As The Sea (2010)




Un nom énigmatique, un livret se résumant à la portion congrue, pas de crédit ! Rien auquel se rattacher ! Aucune balise ! Architeuthis Rex (clin d’œil à leur compatriote d’Antonius Rex ?) ne facilite pas la pénétration de son univers. C’est un euphémisme ! Il ne reste en définitive que la musique. Mais là encore, c’est l’indéfinissable, l’indescriptible qui priment. Le trou noir… De fait, Dark As The Sea a quelque chose d’un magma aussi envoûtant que mystérieux, gargouillis de sons bizarres, de guitares saturées sur un tapis électronique. Ainsi, "Cephalopedi" fait copuler riffs drone et bruit de carillon japonais tandis qu’un souffle inquiétant résonne au loin. Fantomatique ! On se perd rapidement dans ce dédale improbable où chaque titre bourgeonne, s’étale, mange l’espace qui l’entoure. Ce projet italien ne semble aller nulle part, agglomérant une myriades d’effets sonores d’où seule émerge, telle une vigie pour guider le naufragé, une guitare tour à tour hypnotique ou laide, effrayante ou belle. Dark As the Seaporte bien son nom. Il est un océan noir dans lequel on se noie, lancinant à l’image de la respiration des flots, puissant comme les vagues qui se viennent de fracasser contre des récifs. Est-ce bon ? Mauvais ? Difficile à dire. Œuvre schizophrénique, cet essai atteint son paroxysme lors du démentiel "Another Kind Of Blue" qui, du haut de ses 22 minutes au garrot, mêle effluves ambient, percussions tribales et chants orientaux, appel à la prière d’une sidérante beauté qui se transforme peu à peu, (trans)mutation qui confine à la transe hypnotique tandis que les guitares ferrugineuses se mettent à hurler, monstre drone dissonant et froid comme le tranchant d’une lame. Puis, la plainte meurt tout doucement sur fond d’orgue, final que tricotent des accords beaux à en pleurer, proches des expérimentations d’un Justin Broadrick avec son Jesu. C’est un decrescendo contemplatif dont la respiration s’arrête progressivement en épousant le bruit du ressac. Trippant, à tout le moins. Une expérience sonore à conseiller aux plus ouverts d’entre vous qui sauront déflorer l’intimité souterraine de cette essence divine. Et sa réelle beauté car elle existe… (Music Waves 2012)



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