Alors que durant une décennie, soit entre Kampen (1998) et Antikosmos (dix ans plus tard), son électro-encéphalogramme était quasiment plat, long tunnel uniquement animé par des Eps et deux split (dont un avecSvartsyn), Arckanum ne cesse depuis son retour aux affaires de libérer sa semence maléfique chaque année que Dieu fait, quoique cette référence au Créateur ne soit pas des plus judicieuses pour évoquer ce projet du seul Johan Mahger, plus connu sous le sobriquet de Shamaatae, artiste prosélite appartenant au M.L.O (le Misanthropic Lucifierian Order) dont le plus renommé des membres fut Jon Nödtveidt (Dissection), ordre se réclamant d’un satanisme anti-cosmique, gnostique et chaotique fumeux. Mais qu’importe dès lors que des croyances sont mises au service d’une musique de qualité, comme ce fut le cas avec le défunt suédois (dont on rappelle qu’il a mis fin à ses jours en 2006) ou avec Arckanum lequel poursuit clairement l’héritage, plus spirtiruel qu’artistique toutefois, de Dissection. La présence de Seit Teitan (Watain) sur les deux premières prières réalisées depuis son réveil, qui officiait également sur Reinkaos, testament incompris de Nödtveidt dont il était un ami proche, paraît le confirmer. Pour autant, après les réussis Antikosmos et ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ, l’entité commençait à donner l’impression de tourner en rond, suite à un Sviga Lae, sans surprises et unique album publié sous la bannière Regain, label que Shamaatae a décidé de quitter pour de nouveau (après Debemur Morti) sceller une alliance avec la France, puisque c’est Season Of Mist qui le récupère. Grand bien leur en a pris puisque Helvítismyrkr n’est peut-être ni plus ni moins que la meilleure offrande à ce jour du shaman suédois, dont l’inspiration y renoue avec une vigueur et une grandeur oubliées. Le style est toujours le même, ouvrant les vannes d’un Black Metal qui n’appartient qu’à son géniteur, à la fois obscur et mélodique, épuré et thrashy mais là où la signature n’offrait plus grand charme sur le disque précédent, ce septième chalice ténébreux repose sur un socle qui a sans doute perdu en originalité ce qu’il a gagné en efficacité et en beauté atmosphérique mais palpite d’une énergie noire qui confine à une forme de démesure dans l’expression d’un rituel ancien que certains ne peuvent s'empêcher d'arrimer maladroitement à une mouvance pagan avec laquelle le groupe ne noue franchement aucun lien, le recours au vieux suédois s’inscrivant chez lui dans une démarche plus occulte que folklorique. Ramassées et tendues, véloces parfois ("Nifdreki"), reptiliennes le plus souvent ("Or Djupum"), ces huit plaintes dessinent une longue incantation macabre grésillante dont Shamaatae incarne le maître de cérémonie avec ses lignes vocales écorchées et ses riffs sales vibrant d’ondes obsédantes ("Svart Ok Pursligr") qui courent Le long d’une surface rocailleuse. Coupé en deux par un instrumental égrenant sa beauté noire de manière lancinante comme un venin qui s’insinue dans le sang, "In Svarta" et mourant sur l’incantatoire "Sisoltinn", que racle une guitare sinistre et darkthronienne, titre que seule la version cd étire faussement sur 13 minutes en une seconde moitié fantôme, Helvítismyrkr abrite, de l’inaugural "Helvitt" à l’entêtant "Myrkrin Vinna Hefnt" en passant par le fiévreux "Prudgelmis Hlaut", quelques unes des plus négatives - et donc des plus inspirées - compositions du Suédois, faisant de lui un très grand disque en l’honneur d’un art noir charbonneux. (Music Waves 2011)
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