Arctic
Plateau, késako ? Il s'agit du jardin secret d'un seul artiste, le romain
Gianluca Divirgilio, toutefois accompagné de quelques autres musiciens. C'est
ensuite une musique à la mélancolie chevillée au corps, qui déambule le long
d'une ligne flou séparant Post rock, Shoegaze et new wave. C'est enfin un
premier essai, dont l'écrin visuel - original et réussi - a été conçu par Fursy Teyssier (ex-Amesoeurs,
Les Discrets). Son titre, On A Sad Sunny Day, résume avec beaucoup de justesse
son contenu. Il est un recueil de onze observations posées et squelettiques qui
ont quelque chose d'un kaléidoscope d'images jaunies, témoins de souvenirs
envolés. Contemplatives, elles sont écrites à l'encre noire du désespoir, la
même qui sert, pour situer l'univers dans lequel évolue Divirgilio, au tandem
Tim Bowness/Steven Wilson lorsqu'ils donnent vie aux respirations de No-Man, en
moins inspirée cependant. Moins élégante aussi. Le décor est donc posé, celui
de paysages figés dans la tristesse et le regret, de ces plages solitaires que
le soleil n'empêche pas d'être désolée. Le chant fébrile de Gianluca est le
pinceau à la pointe fine qui construit ces instantanés délavés, toujours
souligné par une guitare au son épuré, prisonnière d'une enveloppe mélancolique
dont elle ne parvient jamais à s'extraire et qui s'envole parfois très haut.
C'est triste, c'est beau, un peu mou néanmoins pour l'amateur qui souhaiterait
davantage de puissance mais Arctic Plateau sait emporter son auditoire dans son
voyage évanescent et spectral au relief plat (ce n'est pas un défaut) et
souvent instrumental (le stratosphérique "In Epica Memories",
"Iceberg Shoegaze"...). On pourra pourtant regretter une trop grande
uniformité, tous ces tableaux aux contours identiques finissant par se fondre
en un tout dont on peine à distinguer chaque partie mais pour une première
carte de visite, le résultat est honorable bien que sans doute assez peu
original et un peu trop long. On A Sad Sunny Day aurait en effet mérité
quelques coups de ciseaux salvateurs, ce qui lui aurait permis de gagner un
impact qui lui fait quelque peu défaut. Mais certaines titres, qui invitent à
l'introspection, se drapent dans une grâce un peu désanchantée tout à fait
remarquable et c'est bien dans ces moments là, lorsque Gianluca fait seulement
parler sa guitare (le très beau Eight Years Old"), lorsque qu'il se
contente d'effleurer telle une brise la surface de sa musique, qu'il se montre
le plus touchant. Un projet à suivre en définitive, surtout si son principal
géniteur réussit à se défaire de ses influences et à délivrer un modelé plus
personnel...
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