Après avoir donné l'impression d'avoir disparu des
écrans-radar depuis 2009, happé par un trou noir, année qui l'a pourtant vu
régurgiter coup sur coup deux offrandes, l'une avec Urna (Iter Ad Lucem),
l'autre avec Arcana Coelestia (Le mirage de l'idéal), MZ sort aujourd'hui enfin
de sa tombe. Et comme il y a quatre ans, l'homme se dédouble, avec son compère
de chanteur, RM. Ainsi, quelques semaines après avoir livré le premier signe de
mort de Aphonic Threnody, le justement nommé First Funeral, groupe où l'on
trouve à leurs côtés des membres de Dea Marica et surtout l'âme de Pantheist,
Kostas, les deux Italiens accouchent enfin d'un quatrième album d'Urna, leur
principal port d'attache. Pour être franc avec vous et nonobstant de réelles
qualités qui ont permis à ses opus d'écrire à l'encre noire du désespoir une
page du Funeral Doom, celui-ci n'a jamais su nous toucher plus que cela,
sous-Esoteric, dernière période qui plus est, la géniale démesure de Greg Chandler
en moins. La donne va-t-elle changer avec le successeur de Iter Ad Lucem ? Mors
Principium Est est un paradoxe. Si le fait qu'il accueille comme invité Chandler
lui-même, ne risquait pas de prime abord de corriger le tir, de gommer cette
influence par trop évidente, l'album atteint pourtant une dimension inédite
dont étaient dépourvus ses devanciers en braconnant justement plus que jamais
sur ces terres anglaises, en affirmant ses racines sans plus chercher à les
masquer. Par ailleurs Enrichi par la présence du bassiste de Progenie Terrestre
Pura, Urna atteint une qualité aussi bien d'écriture que d'arrangement dont on
ne le croyait pas capable. Une forme de beauté également, à la fois
atmosphérique et vertigineuse, qui semble provenir de très très loin, du fin
fond des temps et de l'espace. Fourmillant de détails d'une luxuriance
mortuaire, ces émanations bourgeonnent sur de longue durée, format qui leur
permet de dérouler leurs tentaculaires imbrications. La première partie de
l'opus est aussi la plus réussie, celle où la référence à Esoteric se révèle la
plus prégnante. Fermez les yeux et écoutez la doublette "Omni Infinita
Mens Est Gremium et Sepolcrum Universi"/Ego SumTeplum et Principium Omniae
Rei", le mimétisme entre l'art des Italiens et des Anglais éclate alors au
point de les confondre, quand bien même, encore une fois et au risque de se
répéter, Chandler est détenteur d'une patte, d'une folie contaminatrice
impossible ni à égaler ni même à copier. Reste que les premiers sont parvenus à
capturer ce sens des ambiances funéraires et impalpables, ces geysers de fureur
cosmique propres aux seconds avec lesquels ils partagent aussi cette manière de
faire décoller très haut les guitares vers des sphères célestes à l'image de
"Octo Sunt Grados Ad capere fine cycli magni" au final déchirant
d'émotion. Pour autant, Urna n'est pas dépourvu d'une vraie personnalité,
laquelle tient beaucoup à ses racines latines qui se lisent dans les titres de
morceaux ou dans les accents quasi liturgiques de certains passages. En nette
progression par rapport à Iter Ad Lucem, le groupe signe avec Mors Principium
Est sa plus belle oeuvre à ce jour, la plus maîtrisée surtout. (La Horde Noire 2013)
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