Hordes

jeudi 14 novembre 2013

Chronique : Domovoyd - Oh Sensibility (2013)




Décidément, quelle vertu possèdent les lacs finlandais que les autres n'ont pas ? La question mérite d'être posée car sinon comment expliquer cette vitalité récurrente chez les groupes originaires de cette froide contrée ? Comment justifier cette inspiration qui jamais ne faiblit ? Face à une telle constante dans le talent, on s'amuse désormais à guetter la croûte insipide. Ce n'est encore une fois pas avec Domovoyd que nous la trouverons, parfait exemple de ce savoir-faire local qui éclot de manière précoce. Quelques miettes pour commencer, des musiciens à priori inconnus en dehors de leur cage d'escalier puis déjà le premier album. Insolent de maîtrise bien sûr, ce premier album est fait de ce bois à l'écorce épaisse vieillie par le temps, un album dont on croirait qu'il est l'oeuvre d'un combo avec déjà pas mal d'années au compteur alors qu'il n'en est donc rien. C'est aussi ça, le talent finlandais. Le label qui le couve, Svart Records pour ne pas le nommer, ainsi que son artwork excessivement coloré suggèrent un énième opus de Stoner Doom trempé dans le jus du Rock psyché. Oui et non. Oui parce que c'est bien de ce (sous) genre en passe de devenir une véritable AOC dont il s'agit. Non parce que "Oh Sensibility" de part ses qualités, n'est pas seulement une rondelle de plus mais un coup de maître. Noyé dans des brumes duveteuses, ce qui ne lui interdit pas de sonner parfois hyper heavy, se délestant du quota de plomb requis, ce jet séminal monte crescendo en intensité, son menu divisé en deux temps. Le premier rassemble deux titres au format resserré auxquels est accolée une introduction. 'Incarnation" et 'Lamia' sont aussi les plus Doom du lot, les plus sombres également, ambiances qu'ils doivent autant aux lignes de chant énervé qu'au socle rythmique coulé dans les profondeurs de la terre. Puis, à partir du démentiel 'By Taking A Breath', les compos gagnent autant en durée, s'étirant de plus en plus pour culminer avec les 16 minutes de 'Argentum Astrum', qu'en effluves hallucinées, sentant bon la fumette et les paradis artificiels. Ces trois derniers morceaux ont quelque chose de pistes de décollage. Si le batteur et le bassiste maintiennent l'amarrage à ce sol lourd et rugueux, les guitares quant à elles lâchent les cordes pour aller s'envoyer en l'air, avalées par des effets cotonneux. 'Effluvial Condenser' se veut un véritable périple où explose le style ambivalent des Finlandais, explorateurs qui réussissent à fusionner lourdeur et atmosphères quasi spatiales, tubulures plombées et enluminures ouatées. Repéré avec le EP "Mythonaut" il y a deux ans, "Oh Sensibiliy" confirme le potentiel de Domovoyd, quatuor dont on devrait entendre logiquement reparler très vite ! Un futur grand ? Pourquoi pas ! (Music Waves 2013)



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