Hordes

vendredi 15 novembre 2013

Chronique : La Cuenta - Litanie Divorate (2012)



Moins culte et exposée que ses consoeurs scandinave ou britannique, la chapelle Doom italienne n'est pourtant pas à négliger, honorant toutes les mamelles du genre, True et épique avec Thunderstorm, louchant vers le Dark Prog via toutes les productions made in Black Widow, Funéraire (Urna), Stoner Rock (Ivy Gardden Of The Desert)... Et le Sludge dans tout cela ? La Cuenta est justement là pour fouailler ces chairs à vif aux confins du Post Hardcore. Et plutôt bien d'ailleurs. Après deux albums aussi intenses qu'explosifs, le trio revient cette année avec Litanie Divorate dont le nom et le visuel bestial suffisent à en garantir la haute teneur en énergie noire, rampante. Cauchemardesque. Deux titres, deux blocs pétrifiés de matière en fusion,  pulsations brutes aux ramifications tentaculaires qui s'étirent sur une bonne trentaine de minutes, assurant une tension épidermique et rentrée toujours au bord de la rupture, éjaculation constamment retardée jusqu'aux ultimes mesures, funestes, forcément. "Litanie" est le premier d'entre eux. Il est un amas d'ondes telluriques, fracas de guitares au goût de rouille, que perfore un chant hurlé. Andrea Bertelli semble s'arracher les boyaux, dégueuler sa haine comme si demain ne devait plus jamais exister. Le titre suit une trajectoire inexorable qui l'entraîne dans les profondeurs d'un puits sans fin. Nappés de sonorités à la lisière du Drone apocalyptique, les instruments creusent pendant de très longues minutes ce qui sera leur propre tombe, coups de boutoir terrifiants qui paraissent ne jamais vouloir mourir, résonnant peu à peu comme les derniers battements de coeur d'un supplicié. Au contraire, "Of Devoured Mother" , quant à lui, donne l'impression de ne jamais vraiment démarrer, magma infernal, incandescent, de riffs gangrenés, de soundscapes grouillants et de psalmodies suffocantes qui vocifèrent à intervalles irréguliers. Davantage que le Sludge, c'est un Drone ferrugineux, rongé par une lèpre contaminatrice qui s'échappe durant plus de douze minutes. Et lorsque le morceau décolle enfin, c'est pour s'achever presque brutalement, laissant quelque peu l'auditeur sur sa faim. Mais rallongé d'une piste supplémentaire, Litanie Divorate aurait très certainement perdu cette intensité dévoreuse d'espace. En l'état, il est cette créature monstrueuse qui dévore tout son passage, masse de chairs macérant dans le sang de ses proies... (La Horde Noire 2013)




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